Être de quart de nuit, ça craint... On va rarement en intervention, généralement, les appels reçus ne sont destinés qu'aux équipes des unités Delta et Oméga. Pas que je m'en plaigne mais on passe notre temps soit à s'entraîner, soit à revoir nos dossiers en cours histoire d'être sûr que nous n'avons rien rater. Il faut croire que même les criminels les plus violents prennent du repos mais ça n'arrive jamais quand on en a vraiment besoin. Aujourd'hui est le dernier jour de notre semaine de quart et nous n'avons été appelé en intervention qu'une seule fois qui, au final, n'a servi à rien. La Coalition Icélos nous a encore glissé entre les doigts, ils ont disparus avant qu'on arrivent sur les lieux, nous laissant gérer les conséquences de leurs conneries et très franchement, ça commence à me gonfler. Ils ont beau dire qu'ils veulent supprimer l'Ordre, ils se fichent pas mal des dommages collatéraux ou des victimes innocentes que leurs actions provoquent. Sans compter que leur définition du verbe "arrêter" ressemble plus à celui "d'éliminer". Ils pourraient se contenter de pratiquer les arrestations citoyennes, ce qui serait tout à fait légale, mais non, ils ont décidé de se rabaisser au même niveau que ceux qu'ils veulent arrêter, provoquant chaos et destruction.
Bref, il faut qu'on se sorte ça de la tête et quand je dis "on", je ne parle pas seulement de moi mais de toute l'équipe. Donc, notre bon chef d'équipe a décidé que pour se changer les idées, ce soir on ferait un barbecue, bien sûr avec l'accord de notre chef d'unité et du Directeur Adjoint. De ce fait, on a dû s'arranger avec nos charmantes cantinières pour avoir accès à leur cuisine pour stocker les marchandises et éventuellement faire quelques préparation. En conséquence, je me suis fait piquer ma recette de sauce barbecue maison par notre barista préférée. Si un jour elle devait être renvoyée ou remplacée par une machine, notre agence n'aurait plus qu'à fermer ses portes parce que personne ne prépare nos cafés comme elle le fait et tout le monde dans cette agence, sans exception, carbure au café. Donc, je ne vais certainement pas rechigner pour ce vol de recette et de toute façon, je la connais par coeur. J'aurais simplement dû songer qu'en venant plus tôt pour faire mes préparations pour ne pas avoir à les transporter depuis chez moi, il y avait un risque que je me fasse dépouiller... C'est ma faute. Enfin, en contre partie, j'ai eu droit à la plus grande tasse de mon café préféré qu'elle ait pu trouver... J'adore cette femme !
Enfin, tout est prêt de mon côté et je sirote mon café sur la terrasse extérieur alors que l'équipe arrive au compte-goutte, se saluant et plaisantant, chacun amenant sa contribution pour le repas. Mon partenaire s'est cru malin en voulant me piquer mon café, il en a bu une gorgée pour quasiment s'étrangler avec, ce qui m'a fait bien rire...
▶ Bien fait pour ta pomme ! Pique pas le café d'un autre si t'es pas prêt à le supporter...
▷ Bordel, Mac, c'est pas du café, ça ! Ce truc réveillerait un mort pour au moins un siècle !
▶ Pauvre petite nature...
Ca fait des années que je l'empêche de goûter à mon café, le prévenant constamment qu'il n'est pas prêt pour ça, à présent, il ne tentera plus de me piquer mon carburant. Mon café n'est même pas si amère que ça, un expresso le serait bien plus, c'est juste que sa teneur en caféine est une des plus élevée qui soit. En ce qui me concerne, je ne pourrais même pas envisager d'avaler un café moins fort et pas seulement à cause de son goût corsé. Il me tient bien éveillé, ce qui n'est pas négligeable les nuits de cauchemars, et chasse rapidement les tremblements qu'ils provoquent. Il n'y a rien que je déteste plus que mes cauchemars et le sentiment d'impuissance que je ressens à chaque fois. Je ne suis pas un maniaque du contrôle mais ne pas en avoir du tout a le don de me mettre à cran. Heureusement, ça fait un moment que je n'en ai pas eu...
Je continue de profiter de mon café, qui commence à refroidir, laissant les autres se charrier les uns les autres. Je ne me tiens pas à l'écart, je n'ai pas bougé de la table où je me suis installé et où les autres se sont regroupés. C'est juste que je suis moins enclin à jouer que les autres... J'ai mes moments, bien sûr, je ne suis pas totalement dénué de sociabilité ou d'excentricité, c'est juste que je suis plus calme que mes coéquipiers. Ca ne m'empêche pas d'apprécier le temps que nous passons ensemble en dehors du boulot même s'il m'a fallut du temps avant d'y arriver. Mon passé n'a pas été tendre avec les personnes à qui j'ai pu tenir et j'ai longtemps tenté de garder mes distances pour ne pas trop m'impliquer, me contentant de faire mon boulot, de veiller sur les arrières de mes coéquipiers... C'est juste qu'ils ne m'ont pas laissé rester à l'écart avec l'aide d'une petite brune au caractère bien trempé qui arrive justement alors qu'elle n'est techniquement pas de service...
Grâce au chef d’équipe de mon ami, je sais ce qu’il se prépare ce soir. Pour fêter la dernière nuit de la semaine, mais aussi, pour leurs changer les idées après que l’amer réalité se fasse connaître, qu’une fois de plus la Coalition a encore déjoué les agents. Bien entendu, personnes n’est au courant de ma venue, après tout, je ne fais pas vraiment partie de leur unité. Mais bon, comme à chaque fois, je suis seule et je n’ai rien d’autre à faire, je sais que je serais accueillie à bras ouverts par cette équipe en particulier. C’est plutôt déprimant quand on y pense, j’ai tout pour plaire : un travail stable, une maison et pour ne pas être vaniteuse, je suis plutôt belle, alors je ne comprends pas mon statut d’éternelle célibataire. Ah si, suis-je sotte, mon travail masculin et mon hobby repousse les hommes, autant que si je leur disais « Je t’aime » au premier rencard ou si je leurs parlais d’enfants.
C’est comme ça que je me retrouve à faire divers gâteaux individuels au chocolat : cookie, brownie, fondant. Avec ses animaux, il vaut mieux privilégier l’individuel, pour éviter qu’ils se battent pour avoir la dernière part, ou se plaindre que certains en ont eu plus qu’eux. Ce sont de vrais enfants. Je me prépare doucement, une jupe trapèze à carreaux noires et rouge qui m’arrive aux genoux, un haut noir avec les épaules dénudées et des bottines à talons noir.
La voiture remplie de pâtisseries, je me dirige vers l’agence tranquillement. Je me gare sur la place réservée aux livraisons à côté de la cantine. De ma place, j’entends les voix et les rires des hommes. Je secoue la tête, amusé, puis je sors de la voiture. J’élève la voix dans l’espoir que quelqu’un m’entende.
« - Hey oh, y-a-t-il des gros bras de libre pour m’aider à décharger la voiture, s’il vous plaît ? Sinon, il n’y aura pas de desserts ce soir. »
J’ouvre mon coffre et commence à empiler les tupperware pour les mettre dans les mains des hommes qui sont arrivés rapidement à la suite de mon appel. Une fois toutes les boîtes sorties, je ferme le coffre et verrouille la voiture. J’avance vers les tables en souriant et saluant tous le monde.
« - Bonsoir, j'espère que je ne dérange pas. J'échange le dessert contre un repas chaud.»
J'ai reconnu le bruit de ses pas à la seconde où elle est descendue de sa voiture, l'ouïe therian, c'est quelque chose de vraiment pratique par moment. Sur le terrain, c'est indéniable et c'est consciemment que je les utilise, en dehors, la plupart du temps... Eh bien, disons qu'ils ne captent que ce qu'ils veulent et j'en incombe la faute à ma moitié animale. Mon félin a une incroyable capacité à se concentrer sur toutes les personnes qui me sont devenues proches, ce qui me permet à chaque fois d'anticiper leur approche et de ne pas être pris au dépourvu. Bref, tout ça pour dire que je n'ai pas attendu qu'elle appelle pour abandonner ma tasse de café enfin vide et me lever pour venir à sa rencontre. N'étant pas de service, elle ne devrait pas être là mais je ne vais pas me plaindre surtout si elle apporte le dessert. Je ne suis pas un grand fan de sucre mais de temps à autre, je ne dis pas non. Et bien sûr, je me fais encore charrier parce que je suis le premier debout...
▷ Si c'est pas mignon... Sa maîtresse arrive et il remue déjà la queue avant même qu'elle l'appelle...
Je ne relève pas, même si c'est faux. J'adore Anna, j'adore la taquiner et les joutes qu'on peut avoir. C'est une femme forte qui sait ce qu'elle veut, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui n'a pas peur de remettre à leur place les crétins qui se croient supérieurs uniquement parce qu'ils ont un service trois pièces entre les jambes. En ce qui me concerne, il ne me viendrait jamais à l'idée de la traiter comme le "sexe faible", premièrement, je ne suis pas suicidaire et deuxièmement, elle est tout à fait capable d'en supporter autant que moi que ce soit au niveau de l'endurance ou de la douleur. Et puis elle peut être aussi létale que n'importe quel membre de mon équipe. En attendant, me voilà la jeune femme, la laissant m'empiler les boîtes dans les bras...
▶ Salut. Tu restes pour le barbecue ? J'ai besoin d'une compagnie intelligente ou d'un coup de main, les enfants sont aussi calmes que des puces dopées aux stéroïdes...
D'autres membres de l'équipe débarquent pour donner un coup de main, ou plutôt pour satisfaire leur curiosité. Ils s'exclament tous avec la fausse indignation qui leur est propre chaque fois qu'on se chamaille comme des gosses. Enfin, eux, ce sont les gosses et moi, je tente tant bien que mal de jouer le parent responsable mais il est difficile parfois de ne pas se prendre au jeu. Ca n'a pas toujours été comme ça entre nous mais heureusement, les choses ont changé. J'ai trouvé ma place et je m'y sens bien. La présence d'Anna y est aussi pour quelque chose même s'il m'a fallu du temps pour la reconnaître comme l'une des gosses qui a connu le même centre de recherche que moi, même si elle y est rester moins longtemps que moi. Cependant, même si c'est le premier souvenir que j'ai d'elle, ce n'est pas le premier qui me vient à l'esprit quand il m'arrive de penser à elle. Non, le premier qui me vient à l'esprit, c'est sa lame passant à un demi centimètre de ma tête la première fois qu'on s'est entraîné ensemble avant que je ne pense à la prévenir que j'allais la provoquer pour tirer le meilleur d'elle-même. Je n'aurais peut-être pas dû attendre trois jours pour m'excuser de mon comportement... Heureusement, j'ai pu m'expliqué et depuis, l'eau a coulé sous les ponds. Elle sait maintenant à quoi s'attendre lors de nos entraînements et je n'attends plus trois jours pour présenter mes excuses pour les provocations parfois blessantes que j'utilise contre elle durant ces moments-là.
Rentrant avec les boîtes de dessert que nous allions déposer dans la cuisine, j'empêchais un des idiots de chiper un gâteau. Je vous l'ai dit, ce sont de vrai gosses, on ne peut même pas compter sur notre chef d'équipe en dehors du terrain ou des entraînements... Il est aussi dérangé que les autres, c'est juste que par moment, il le cache mieux que les autres. Enfin... Tout le monde fini par se calmer un peu alors qu'il allume le barbecue. On va avoir droit à une pause jusqu'à la fin du repas environs même si les taquineries verbales ne sont pas prêtes de s'arrêter... Me tournant vers Anna après avoir ranger les boîtes de dessert au frigo, j'haussais un sourcil tout en l'interrogeant...
▶ Au fait, tu aurais un moment un peu plus tard après le repas ? J'ai trouvé un truc sympa dans une boutique de Chinatown...
J'ai raté son anniversaire, je sais, c'est pas sympa même si je le lui ai souhaité mais sachant qu'elle collectionne les lames comme d'autres les timbres, j'essaie toujours de lui en offrir une. Le plus difficile, c'est d'en trouver une qu'elle n'a pas déjà et ça... C'est pas gagné. Le treize février dernier, j'avais trouvé une lame mongole dans une boutique d'antiquité de Chinatown mais le prix était largement au-dessus de mes moyens. Il m'aurait fallu au minimum un an de salaire... Donc, j'ai trouvé une alternative. Je me suis adressé à l'un de nos fournisseurs d'armes et je lui ai demandé de faire une reproduction du poignard que j'avais repéré mais avec la même solidité que les lames qui nous sont fournies. Certes, elle n'est pas aussi ancienne que celle de la boutique de Chinatown mais elle est bien plus tranchante et solide.
Visuel de la dague:
Visuel de la dague d'origine : Clique La dague que Ian lui a fait faire est identique, si ce n'est que la lame est en acier plus foncé.
Je m’installe à une table, à côté de mon ami, après avoir pris une bière. Je n’étais pas surprise de le voir derrière moi, premier dans la file de gros bras. Ian a toujours été ainsi, prêt à aider ceux qui lui sont proche, c’est un trait chez lui qui m’attire énormément.
« - Oui, je reste manger. Ton chef m’a parlé de votre petite sauterie, et comme je n’avais rien d’autre à faire, j’ai décidé de venir. Et puis, je suis toujours heureuse de t’aider à garder un semblant de conversation intellectuelle, plutôt que les bouffonneries des enfants. »
Je sirote tranquillement ma bière, regardant autour de moi le chaos provoqué par une bande de therians excités. Je me retourne vers Ian quand celui-ci me questionne sur mon programme pour le reste de la soirée. Une boutique à Chinatown ? C’est un de mes lieux de prédilection quand il est question de trouver des nouveautés à ajouter à ma collection. On peut dire que je suis assez connue là-bas, vu mon nombre de descente que j’y fais. Et puis, j’y fais un peu de travail au noir là-bas, j’aide à l’expertise d’armes et d’antiquité pour certains gang de Yakuza. En échange, ils surveillent le marché des lames et me font des prix. Qui suis-je pour les juger sur ce qu’ils font ? Du moment qu’ils ne m’impliquent pas dans le trafic humain ou animal, le reste me convient.
J’hausse un sourcil, interrogative. « - Ce n’est pas que je ne veux pas, mais tu n’es pas d’astreinte ce soir ? Pourquoi ne disons pas demain après-midi ? Cela te laisse l’occasion de te reposer, puis on pourra passer la journée ensemble. »
Je me demande ce qu’il veut me montrer aussi vite, pour qu’il veuille faire le mur pendant une de ses vacations. Comme il me connaît, je pense que cela concerne mon métier et hobby, les lames. Je laisse mon regard se poser sur ses biceps quand il lève son bras pour boire, on peut être ami, mais j’ai des yeux. J’apprécie comment le tissu de son t-shirt moule ses muscles, les faisant ressortir. Pendant un instant, je me demande qu’elle serait la sensation que j’aurai, si je passais ma langue sur les veines qui saillent par moment. Une explosion de rire me sort de mes pensées, je me détourne vers le groupe bruyant, les joues rouges. Je les maudis autant que je les remercie mentalement.
« - A les voir comme ça, on a dû mal à les imaginer sur le terrain, silencieux. J’aime la cohésion dans ton équipe. »
C’est grâce à cette dynamique que je me plais dans ce groupe en particulier, par rapport aux autres, et ce n’est pas qu’à cause de la présence du jaguar. Ici, je me sens accepté, faisant parti des leurs. Alors qu’avec les autres, bien que je m’entende en général avec les autres agents, j’ai toujours la sensation d’être jugé, observé. Que ce soit à cause de mon sexe ou de mon travail, certains ont dû mal à accepter qu’une femme puisse prospérer dans un monde d’homme, les dominants par moment. Mais je ne peux rien y faire, je me suis battue bec et ongles pour être arrivé où je suis, même maintenant, je dois constamment faire mes preuves pour ne pas les laisser dicter ce que je peux ou ne peux pas faire. C’est pourquoi, plus d’une fois, j’ai été convoqué par les directeurs ou les RH, car ma façon de m’affirmer à plus sa place sur le terrain d’entraînement que des les bureaux. Ce n’est pas de ma faute s’ils pleurnichent à chaque fois qu’ils rencontrent mes lames de manière rapprochées. Bref, ne les laissons pas gâcher une si belle soirée.
J'ai certainement dû mal m'exprimer en demandant à Anna si elle avait un peu de temps à m'accorder. Je ne veux et ne peux pas m'absenter vu, que comme elle le souligne si bien, je suis d'astreinte avant de pouvoir bénéficier d'un jour de congé. D'ordinaire, j'aurais droit à deux jours mais j'ai des évaluations à passer. Je déteste ces évaluations. Étant un therian de première génération, ayant en plus quelques traumatismes à mon actif, je dois les passer tous les mois au lieu des trois mois réglementaire. Pourtant je vais mieux, du moins si on met de côté les cauchemars... Bref, revenons à nos therians... Il faut que je clarifie mes propos auprès de la jeune femme même si passer une journée avec elle ne me dérangerait absolument pas, d'ailleurs rien ne l'empêche même si je n'ai pas besoin d'aller jusque Chinatown...
▶ Pas besoin de m'absenter en fait, c'est juste que ce que j'ai à te montrer, je ne l'ai pas sur moi, il est dans mon bureau... Cela dit, ça ne me dérange pas non plus de passer la journée de demain avec toi, tant que tu ne me demandes pas de me lever avant quatorze heures...
À dire vrai, j'aurais certainement dû ranger mon cadeau dans la chambre que j'ai réservée pour notre semaine de quart mais vu que je n'y passe pas tant de temps que ça, même si je devrais sans doute m'y reposer durant les heures de latence... C'est juste que je ne m'y sens pas à l'aise et, à moins d'être totalement lessivé au point de ne plus différencier ma droite de ma gauche, ça me rappelle un peu trop la chambre que je partageais au centre, même si en réalité, elles n'ont rien à voir l'une avec l'autre. Donc, la lame d'Anna se retrouve enfermée à clé dans un tiroir de mon bureau, là où j'occupe la plus grande partie de mon temps quand je ne suis pas sur le terrain, à l'entraînement ou chez moi. Quand au fait que je ne me lèverai certainement pas avant quatorze heures, on sait tous les deux que c'est faux. Je serai sûrement levé vers midi, même si ça ne me laisse que trois heures de sommeil. Je ne suis pas un gros dormeur même si je dors habituellement plus que ça. C'est je préfère me coucher plus tôt pour récupérer les heures manquées que me lever tard. Toutefois, je m'égard encore...
La remarque sur l'équipe d'Anna est assez pertinente en fait. Nous ne sommes certes pas l'équipe la plus turbulente qui soit mais on a vu plus calme aussi. Pourtant, su le terrain comme en dehors, je confierais ma vie à chacun d'eux sans la moindre hésitation... Sauf Cael ! Ce doit être le seul agent Intel à se croire à l'épreuve des balles et qui oublie la procédure aussi vite que la neige fond au soleil. Si les Intels font un travail de bureau, c'est bien pour une raison ! Le petit con a failli y passer pas plus tard que la semaine dernière tout ça pour vérifier un truc tout en sachant que c'est pas son job de vérifier les choses sur le terrain ! Bon sang, il va morfler à l'entraînement, c'est moi qui vous le dis !
▶ Prendre du recul, décompresser, c'est important, tant que c'est fait au bon moment... J'aimerais juste qu'ils soient un peu plus calmes de temps en temps...
Oui, je sais, je me plains mais hey ! C'est pas vous qui devez vous coltiner 5 ados surexcités 40h par semaine et ça c'est uniquement quand on ne fait pas d'heures supplémentaires. Cela dit, je me plains peut-être mais au final, je ne les échangerais contre aucune autre équipe. Celle-ci est comme une fratrie un peu envahissante mais toujours bienveillante. On se chamaille, on empiète sur la vie privée des uns et des autres sans aucun scrupule, on se chamaille, on se dispute aussi parfois mais quoi qu'il arrive, on peut tous compter les uns sur les autres. Ma première équipe n'était pas comme ça, on travaillait ensemble mais chacun se mêlait de sa propre vie, on couvrait les arrières les uns des autres durant le boulot mais la seule véritable personne qui s'inquiétait pour nous tous en et en dehors du boulot, c'était notre chef de section, jusqu'à ce que tout vole en éclat avec sa mort. Je me sens bien mieux ici avec ces enquiquineurs invasifs même si je me plains souvent de leur comportement d'adolescent. Ca fait partie du jeu, en quelque sorte... C'est grâce à leur excentricité que j'ai vraiment fini par faire partie de l'équipe. Au final, même si je ne l'avouerai jamais, pas même sous la torture, je me comporte de la même façon qu'eux. C'est juste que je ne suis pas aussi chahuteurs qu'eux.
▶ Il n'y a que des carnivores, que penses-tu qu'il y aura dans ton assiette ? Tu auras peut-être de la chance d'en voir un ou deux plonger dans la salade de pomme de terre ou prendre des légumes mais tu peux être sûr qu'il y aura bien plus de viande que n'importe quoi d'autre...
La question d'Anna pourrait surprendre mais en vérité, pas tant que ça. L'alimentation d'un therian est souvent variée et vu la quantité dont nous avons besoin, nous privilégions souvent les protéines et les glucides étant donné que ce sont elles qui nous permettent de fonctionner. Personnellement, même avec la quantité de nourriture que j'avale, j'essaie de manger sainement, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Je sais qu'il y en a au moins un, voire deux, qui ne toucherons pas du tout aux légumes, mettant l'accent sur la viande et un peu de salade de pomme de terre copieusement arrosés de sauce... Parfois, je me dis qu'il est heureux que nous nous dépensions autant parce que le jour où ces gars seront à la retraite, s'ils la prennent jamais, ils vont vite le regretter... D'ailleurs, il serait peut-être bien temps que je me bouge un peu. Je laisse le barbecue au chef, moi, faut que j'aille m'occuper de mes salades et d'amener la sauce...
▶ En parlant de verdure, je vais aller chercher les salades et la sauce, je te rapporte une autre bière ou autre chose ?
Et c'est là que bien sûr, alors que je me lève, un de mes coéquipiers vient se planter devant Anna...
▷ Anna chérie, laisse donc ce vieux croulant et vient t'amuser avec moi, je promets de te traiter comme une dame...
Je ne sais ce qui me retient de lui en coller une derrière la tête, sans doute le fait que ce n'est qu'une taquinerie destinée à provoquer Anna qui déteste être traitée comme "une dame" justement. Personne ne le ferait dans l'équipe mais tout le monde adore la titiller sur ce point, juste parce qu'on sait qu'elle va forcément nous envoyer au diable ou une pique assassine. Elle a fait partie de l'équipe pendant un temps et on n'a jamais arrêté de la charrier simplement parce qu'elle avait été mutée à l'armurerie. Elle fait toujours partie de l'équipe pour nous, Anna, c'est la famille... Et puis, on adore attirer son attention, même moi j'y prends plaisir... Je me contente donc de rire discrètement dans mon coin tout en me dirigeant vers la cuisine, laissant la jeune femme s'occuper du cas de mon coéquipier à sa façon.
Si je dois être franc, je dois admettre que Anna est sans doute la relation la plus longue que j'ai pu avoir avec une femme, si ce n'est que je n'ai jamais couché avec elle. J'aime passer du temps avec elle, elle a de l'esprit, de la répartie et je n'ai pas à lui mentir sur le boulot que je fais. La plupart des gens, même s'ils savent que vous êtes agent du THIRDS, croient que vous êtes simplement comme les autres flics avec pour seule différence, un entraînement militaire. C'est là qu'ils se trompent, notre travail est bien plus complexe que ça et parfois, il faut savoir se salir les mains ou plonger profondément dans la noirceur de la société pour arrêter des criminels. Sans être top-secret, notre travail nécessite malgré tout la confidentialité, même envers ceux qui nous sont proches et parfois même avec nos propres collègues. Je sais que pour certains d'entre eux, c'est un poids difficile à porter, surtout quand on passe une mauvaise journée et qu'on ne peut en parler à personne. Dans mon cas, ce n'est même pas un problème puisque je n'ai pas de famille, du moins pas au sens propre du terme. Ma famille, c'est mon équipe et Anna, ça s'arrête là. Toutefois, il est difficile d'établir une relation avec quelqu'un quand on ne peut rien lui dire de notre travail bien que ce ne soit pas la raison principale pour laquelle mes relations avec les femmes ne marchent pas. C'est juste un problème de confiance... Un de ces fameux traumatismes dont je parlais plus tôt. Ce n'est pas le seul, bien entendu mais c'est suffisant pour que je sois toujours célibataire à quarante et un ans. Bien sûr, je suis sorti avec quelques femmes par le passé mais chaque fois qu'elles me posaient des questions ou qu'elles s'énervaient parce que je devais partir alors qu'elles avaient passé du temps en cuisine ou simplement pris congé au boulot pour être avec moi un jour de repos, ça me mettait une pression dingue et me filait des idées noires au point que parfois, simplement rentrer chez moi me rendait nerveux. J'ai donc arrêté de sortir et je me suis contenté de coucher de temps à autre. Au final, aucune des femmes que j'ai fréquenté n'a duré aussi longtemps qu'Anna alors même que nous ne sortons même pas ensemble. Certains m'ont même demandé pourquoi je ne sortais pas avec elle et à vrai dire, je n'ai jamais pu répondre. On s'entend bien, parfois je n'ai même pas besoin de parler pour qu'elle sache ce qui me passe par la tête, on ne se fait pas de cadeau mais on ne se tire pas dans les pattes non plus, on traine ensemble, que ce soit avec ou sans l'équipe, on se fait mutuellement confiance... Dans un sens, si je dois être honnête, Anna pourrait bien être la personne idéale pour moi. Alors, pourquoi je ne tente pas ma chance ? La réponse reste la même, j'en sais rien...
Quand je reviens de la cuisine, chargé comme un âne avec les plats, je ne remarque aucune trace de sang, mon andouille de coéquipier a sans doute dû échapper à son châtiment ou il s'est incliné en plates excuses. Disposant les plats sur la table, j'interroge mon amie...
▶ Pas de sang, pas de plainte... Serais-tu devenue indulgente sans que je le sache ?
Je ris derrière ma main, les joues rougies par mon embarras face à aux conclusions hâtives que j’ai tiré à ses propos. Je prends une gorgée de ma bière pour me calmer et, éviter la combustion instantanée. Je suis tout de même contente qu’il accepte de passer du temps avec moi quand il est libre, j’aime nos moments de complicités. Souriante, je le fixe et secoue légèrement de la tête.
« - Désolée pour le malentendu. Tu n’es pas obligé de répondre à mes caprices, je comprends que tu ais besoin de temps morts, surtout après de longues journées passées en compagnies de ses sauvages. »
Je regarde autour de nous pour surveiller les enfants, les trouvant agglutinées à quelques mètres du barbecue et du chef, le nez en l’air, appâté par la délicieuse odeur de la viande qui grille. Je connais intimement le régime des carnivores, étant moi-même un léopard. Ma part animal préfère la viande plus qu’autre choses, surtout si elle est cru voire bleue. Heureusement, que ma part humaine contrebalance cela, m’évitant les maladies, ainsi que ma diversification nutritionnelle. Si je dois écouter ma partie Léopard, je mangerais de la viande cru matin-midi-soir. Trop de gras d’un côté serait mauvais pour n’importe quel humain, bien que le métabolisme thérian favorise la combustion des excès de graisse. Bien que les femmes aient plus de « chances » a prendre du poids, si on ne fait pas attention, surtout durant certaines périodes, qui peuvent favoriser la reproduction. Ah, les joies d’avoir deux chromosomes X.
Je me reconcentre sur Ian, avant de m’imaginer dans le rôle de la parfaite ménagère moderne. POUAH. Avant que je n’ai le temps de lui répondre, on est brutalement interrompue par un malotru qui ne connaît pas les bases de la politesse.
« - Anna chérie, laisse donc ce vieux croulant et vient t'amuser avec moi, je promets de te traiter comme une dame... »
Abasourdie par son audace, je loupe la fuite de mon ami. Je plisse des yeux, fini ma boisson d’une traite et, je me lève lentement et marche pour me tenir face à lui. La tête en arrière pour le regarder dans les yeux, les bras croisés. J’hausse un sourcil et parle froidement :
« - Avant de vouloir me traiter comme une ‘dame’, apprend à te comporter comme un gentleman. Les enfants ne devraient pas couper la parole des personnes, surtout quand les adultes discutent ensemble. Je suis sûre que le chef t’a appris cela ? C’est la politesse la plus élémentaire. Où dois-je te punir comme l’enfant impoli comme tu es ?»
Autour de nous, le reste de l’équipe éclate de rire et le huent, ils s’étaient tût au moment de l’interruption, voulant profiter de ma réaction. Ils connaissent mon aversion sur le fait d’être traiter comme une dame. Je n’aime pas cela, surtout quand je suis au THIRDS. Ici, je veux être traiter comme n’importe quel autre agent, même si pour cela je dois marcher sur des orteils. Mais, je sais que de leur part, c’est ludique. Ils me connaissent assez pour prédire mes actions, et sur quels boutons appuyer pour me faire bondir. Déconcerté par ma réprimande, il ne se défend pas quand je lui fais une balayette, l’envoyant au tapis. Il me regarde, les yeux ronds, toujours sur le dos.
« - Tu as de la chance que je sois en jupe, sinon je t’aurai botté le cil ! Pour la peine, interdis de desserts. »
C’est avec la tête haute et le sourire aux lèvres, que je retourne à ma table, le laissant dans mon sillage à la merci de ses coéquipiers qui se jettent sur lui, comme la bande de hyènes qu’ils sont. J’intercepte Ian qui revient des cuisines, chargés comme une mule, je le décharge de certains plats. Je l’aide à les placer sur la table et de les ranger comme il le faut. Je cligne des yeux à sa remarque, je lui donne une petite table sur le pectoral en guise de punition.
« - Indulgent, moi ? Tatata, il est juste chanceux de mon choix vestimentaire. Sans cela, il aurait dégusté. Et le chef n’apprécie pas que je mutile ses minions durant vos quarts. Trop de papiers pour lui. Il a voulu se comporter comme un enfant, alors je l’ai puni en tant que tel. »
Je m’écarte du chemin, pour éviter d’être piétiné, quand le chef cri le traditionnel « A table ». Je me place aux côtés du jaguar, j’enlace sa taille avec mon bras gauche. Je regarde la table être prise d’assaut par des prédateurs affamés.
« - Me traiteront de méchante, si je souhaite qu’ils attrapent une indigestion, face à leur gloutonnerie ?»
Pas question de revenir en arrière. Premièrement, même si j'aime rester chez moi de temps à autre pour souffler un peu, ça ne m'arrive pas si souvent que ça. J'ai besoin de bouger, de faire quelque chose et la plupart du temps, soit c'est le ménage, soit je sors tout simplement. Je retrouve parfois les membres de l'équipe ou Anna mais pas toujours. Cela dit, sortir seul me déprime un peu quand ce n'est pas pour faire les courses. Deuxièmement, je n'avais de toute façon pas envie de rester à la maison, j'y suis rester assez longtemps durant la journée cette dernière semaine en attendant que vienne l'heure de me rendre au boulot. Et puis, un peu de distraction me fera le plus grand bien.
▶ Je ne cède pas à tes caprices, c'est juste que lézarder à la maison, c'est pas mon truc et puis, si je peux profiter de ta charmante compagnie, je ne vois pas de raison de me priver...
Brusquement interrompu peu après, je file en cuisine pour chercher les accompagnements, laissant Anna gérer mon coéquipier comme elle seule sait le faire. Bien sûr, la provocation était délibérée et depuis le temps que ça dure, je suis sûr que la jeune femme sait que c'est fait exprès mais elle joue quand même le jeu, ce qui ravi toujours l'équipe. En revenant, j'entends des rires, des huées... Ouais, Anna l'a bien mouché et il se fait charrier par les autres. Je la taquine à mon tour sur sa réaction et sa réponse est toute à son image même si elle n'a pas tort en parlant de la haine de notre chef d'équipe pour tout ce qui touche à la paperasserie. Si ça ne tenait qu'à lui, il ferait ses rapports d'intervention en vidéo, c'est pour dire. Tout en discutant, Anna m'aide à dresser la table et le temps de terminer, la viande est prête. Chacun se sert comme il veut, s'installe où il veut et dévore comme s'ils n'avaient pas manger depuis plusieurs jours... Je ne peux pas vraiment en vouloir à la panthère d'être un peu critique sur ce point et puis, j'ai pas vraiment la tête à ça avec son bras autour de ma taille...
▶ Personnellement, je ne t'en voudrai pas mais je te conseillerais de ne pas traîner si tu veux manger quelque chose...
C'est un peu à regret que je lui propose de s'installer à table, cela dit, je ne la lâche pas vraiment, gardant ma main dans son dos, non pas pour la guider, elle n'en a pas besoin, mais plutôt parce que je n'ai pas vraiment envie de m'éloigner. Sans parler du fait que je l'apprécie, et peut-être même plus, elle est la seule personne censée présente... Je la laisse se servir et me sers à mon tour, prenant de tout, contrairement à mes coéquipiers qui ont plus de viande que de légumes dans leur assiette. Bien entendu, je m'installe à côté d'elle pour continuer de profiter de sa conversation en tâchant de faire fi des remarques des autres, ce qui n'est pas toujours évident vu qu'ils adorent nous asticoter.
▷ Hey ! Au fait, Mac, il paraît que Jack t'a fait du rentre dedans... C'était comment ?
Jacqueline Ruiz est une agent Recon d'une autre équipe. Elle a un sacré caractère et est assez maternelle avec son équipe. Elle est un peu comme Anna mais pas aussi tranchante, sauf si on la cherche vraiment et dans ces cas là, il vaut mieux ne pas rester dans coin. Experte en armes tactiques, elle peut être assez intimidante et met un point d'honneur à rabattre le clapet des sexistes. On a déjà travailler avec son équipe à quelques reprises et on s'entend tous plutôt bien. Toutefois, je n'ai jamais vraiment fait attention à elle, contrairement à Anna de qui je recherche la compagnie... Célibataire depuis peu, son ex faisant partie du THIRDS, les paris sur son prochain petit copain vont bon train et certains n'hésitent pas à répandre des rumeurs ridicules. Donc, quand j'entends Lukas m'interroger, je hausse les épaules tout en répondant sur un ton égal...
▶ Ce sont juste des conneries, elle devait voir Caine mais elle ne l'a pas trouvé dans son bureau, elle m'a juste demandé si je ne l'avais pas vu, rien de plus.
Bon à vrai dire, on a un peu discuté mais rien qui s'approche de près ou de loin à une tentative de séduction de sa part... Ou alors, j'ai rien remarqué... D'autres agents ou personnels féminins m'ont déjà fait du rentre dedans et je n'ai eu aucun mal à m'en rendre compte. Je n'ai jamais cédé aux avances de mes collègues féminines, principalement parce que soit je ne les connaissais pas tant que ça et je suis plutôt du genre à vouloir connaître une personne avant de sortir avec elle, soit je n'étais tout simplement pas intéressé. Je n'ai pas vraiment de type de femme et ça en a sûrement influencé plus d'une mais j'ai tout de même certains critères. Honnêtement, si j'y réfléchis deux secondes, Anna les remplit tous... Le plus important étant que j'ai besoin d'une personne qui puisse être mon égal ; pas forcément dans tous les domaines parce que chacun a ses forces et ses faiblesses mais au moins dans sa façon de se comporter. Une petite femme soumise qui dirait Amen à tout ce que je dis, incapable de prendre la moindre décision et qui me demanderait mon avis sur tout, ça me gaverait rapidement. À l'inverse, je me sentirais mal avec une hyper dominante qui tenterait de m'écraser sous son autorité. Anna sait être autoritaire quand il le faut, elle sait aussi faire des compromis, de demander conseil quand c'est nécessaire et se débrouiller toute seule... Une dominante équilibrée, même si elle donne parfois l'impression d'être aussi déjantée que le reste de l'équipe.
▷ Sérieux ? Même pas un peu de flirt ?! Quelle déception...
▶ Même si c'était le cas, je ne suis pas intéressé...
▷ Ah oui, c'est vrai j'avais oublié que tu te réserves pour Anna chérie, ce que je ne comprends pas du tout...
Je le regarde en clignant des yeux pendant une seconde. C'est quoi cette connerie ? Ca sort d'où ? Je n'ai jamais dit que je me réservais pour Anna. Certes, elle est un peu le genre idéale à qui je compare toutes les autres et avec qui j'ai une relation, platonique, la plus longue que j'ai jamais eu avec une femme mais ça ne veut pas dire pour autant que je me réserve... D'accord, j'apprécie sa compagnie, je ne me sens pas mal à l'aise avec elle et elle a tendance à me comprendre facilement, même sans que j'aie à ouvrir la bouche, ce qui n'est pas donné à tout le monde. J'aime la gâter de temps en temps, sans raison particulière en dehors de son anniversaire, je ne me sens pas sous pression quand je suis avec elle, en fait, on pourrait même dire qu'elle m'apaise ce qui n'est pas une mince affaire, surtout les jours où je fais des cauchemars... Son touché ne me dérange pas, contrairement à d'autres, mon félin l'adore et passerait volontiers sa journée à se faire dorloter par elle. J'avoue volontiers ressentir plus pour elle que de l'amitié mais... BORDEL ! Ce n'est pas que je me réserve pour elle, c'est juste que je n'avais pas réalisé...
Pendant une seconde, je me suis souvenu d'un truc qu'une de mes ex m'a dit : "Si je n'étais pas là, est-ce que tu remarquerais la différence ?" et pendant une autre seconde, j'ai imaginé qu'Anna n'était plus là... Et un élan de panique m'a serré la poitrine de façon si violente que mon fauve s'est mis à me griffer de l'intérieur. Ce n'était qu'une blague de Lukas, enfin, je crois, mais le résultat est franchement terrifiant. Je jette un oeil à Anna, le souffle court, le pouls rapide au point de l'entendre pulser dans mes oreilles et la vue plus aiguisée, ce qui veut dire qu'ils ont pris leur apparence féline... C'est à peine si j'entends Lukas commenter...
▷ Oh merde, on dirait que j'ai mis les pieds dans le plat... Il vient seulement de comprendre...
C'est le calme autour de la table, à part le son d'un coup sourd qui doit certainement être Lukas venant de se prendre une claque derrière le crâne...
Alors que je commence à peine à prendre une bouchée de mon hamburger, Lucas se met à cancaner sur l’éventuel flirt de Jack et Ian. Bien que je connaisse les tenants et les aboutissements de cette rencontre, après tout, Jack est une amie depuis notre arrivée au THIRDS, nous avons beaucoup de points communs : notre sexe, notre apparence, etc… Nous avons eu assez de « soirées filles » pour que je sache qu’il ne s’est rien passé. De plus, elle connaît plusieurs choses sur moi que je n’ose aborder à voix basses, tel que mon attirance vers l’homme qui se tient à mes côtés. Je ne suis pas aveugle après tout.
Je me mets à tousser violement, ayant avalé une pomme de terre de travers après avoir entendu l’énième imbécilité de Lucas. Je fais passer la douleur avec de la douleur, maudissant mentalement cet écervelé. Bon dieu, Thirds doit être en manque de personnel pour embaucher des armoires à glaces dénuées d’empathie et de filtre verbaux. Il pourrait être dangereux, la preuve, j’ai failli m’étouffer ! Quel mort indigne, étouffer par une pomme de terre, ah ! Je vois déjà l’épitaphe sur ma pierre tombale « Ci-gît Annabelle Hale, passionnée de lame elle n’a vécu que pour cela, seul la mort a pu lui ouvrir les yeux, les pommes de terre sont aussi mortelles. »
« - Merde Lucas, tu es un danger public dès que tu ouvres la bouche, un jingle devrait résonner dès que tu l'ouvres, pour prévenir le monde que tu vas sortir une connerie. »
Je prends profondes et douloureuses respirations, sous les moqueries des hommes. Pas un pour rattraper l’autres, heureusement que le Chef était là pour m’aider reprendre ma respiration. En plus d’entendre le sang pulsé dans mes oreilles, j’entends le pouls de Ian, je parie que même un humain pourrait l’entendre. Et ses yeux, mon dieu, ses yeux, j’ai la chair de poule juste en voyant ses pupilles fendues, laissant entrevoir l’animal en lui. Ce n’est pas parce qu’on est ami que je suis aveugle, Ian est un parfait spécimen masculin, en pleine santé, qui pourrait me fournir comme un bon compagnon, nourriture, abri, chatons……. Whhhhaaattt ??? A quoi est-ce que je viens de penser à l’instant ? Je m’écarte mine de rien, les joues rouges d’embarras et d’émoi. La bière ! C’est la bière qui me fait tourner la tête, ainsi que des mois de jachères.
Je remarque à peine la sanction de mon bourreau, je me concentre simplement sur mon assiette, les oreilles roses quand je me rends compte que Ian n’a pas encore démenti les bêtises du clown. Je détourne mon regard de mon assiette, quand je sens mon téléphone vibrer un instant dans ma poche, signe d'une notification. Comme je ne suis pas le centre de l'attention, je me permets de jeter un coup d'oeil. En voyant que c'est une notification d'un site de rencontre, spécialisé en rencontre entre Therian, sur lequel je me suis inscrite il y a peu, je déverrouille avec impatience mon téléphone. Le site a un style original, car aucune photo n'est permise, permettant ainsi que les personnes se focalisent sur la personnalité et non l'apparence. On peut comprendre pourquoi, le site a û mal à se faire une place sur le marché de ce type d'application, mais il semblerait qu'il ait son lot de fidèle.
Depuis mon inscription, je me suis prise d'affection pour un de ses abonnés. Je discute beaucoup avec lui, le fait que je ne sais pas à quoi il ressemble ajoute une part de mystère qui me plaît énormément. Et comme on ne sait pas à quoi ressemble l'autre, cela permet une plus grande latitude dans nos discussions, sans que des préjugés ou des stéréotypes ne viennent gâcher les choses. Par moment, je ne sais pas si je parle à un potentiel partenaire de vie ou à mon meilleur ami, c'est presque grisant, libérateur.
Il me faut un moment pour me reprendre et calmer mon côté félin, le rassurer sur le fait que tout va bien et qu'Anna est bien là, qu'elle n'a pas disparue. Ayant toujours les yeux rivés sur elle, je la vois détourner la tête pour replonger son attention dans son assiette après avoir rembarré Lukas. Est-ce moi ou ses oreilles ont pris de la couleur ? J'allais reprendre mon repas dans un silence relativement embarrassé alors que mes collègues continuent de se chamailler quand j'entends le vibreur d'un portable. Cela vient d'Anna qui s'empresse de vérifier de quoi il s'agit des fois qu'il s'agirait du boulot mais visiblement, ce n'est pas ça. J'essaie de me montrer aussi discret que possible pour satisfaire ma curiosité, je suis un félin après tout et tous les félins sont curieux de nature. Toutefois, il me sera impossible de surprendre Anna vu qu'elle est, elle aussi, une therian, elle me sentirait approcher. Je laisse donc tomber l'idée de jeter un oeil sur l'écran de son portable mais toujours curieux, et encore plus en voyant sa bonne humeur s'afficher sur son visage, je l'interroge...
▶ Des bonnes nouvelles ?
Ce n'est que lorsqu'elle relève son visage dans ma direction que je peux voir ─ très rapidement ─ de quoi il s'agit et je dois avouer que j'ai plutôt l'impression d'une douche glacée. J'ignorais qu'elle était inscrite sur un site de rencontre... Pour plaisanter, Lukas et Cael se sont mis dans l'idée de m'inscrire sur ce genre de plateforme il y a quelques mois. Quand j'ai reçu les premières notifications, je leur ai fait supprimer le profil qu'ils m'avaient créé. Je ne suis pas un adepte des rencontres à l'aveugle par messagerie interposée, sans doute suis-je vieux jeu sur ce point mais j'aime apprendre à connaître une personne en lui faisant face, au moins, si elle ment, je peux le déceler à moins qu'elle ne soit vraiment douée ou qu'elle croit à ses propres mensonges. Dans tous les cas, passer par une application de rencontre ne fait pas partie de mes habitudes, cela dit, chacun son truc... Je ne juge pas Anna, après tout elle a bien le droit de faire ce qu'elle veut, mais je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de déception, mon repas semble avoir perdu un peu de sa saveur et mon félin chouine de dépit. Pour une raison quelconque, il semblerait que je n'aie jamais pris la peine d'envisager qu'Anna puisse vouloir se trouver quelqu'un, surtout connaissant son avis sur les questions de relation, mais peut-être que ça m'arrangeait bien de la croire sans même chercher à savoir si malgré tout elle ne se sentait pas un peu seule... Le boulot peut être assez prenant et ça ne facilite vraiment pas les relations quand on ne peut rien raconter de sa journée à sa moitié, j'en sais quelque chose, c'est en partie pour ça que les miennes ont capotés. Cela dit, qui n'aimerait pas avoir quelqu'un qui l'attend chez lui quand il rentre après une dure journée ? Anna est assez grande pour savoir ce qu'elle fait mais ça ne m'empêche pas d'être déçu...
J'ai perdu mon appétit, je termine mon assiette mais je ne me resserre pas, contrairement à mon habitude. Tout therian qui se respecte mange comme un ogre, c'est bien connu mais je ne me sens pas capable de le faire. J'ai l'impression d'avoir perdu la partie sans même avoir commencé à jouer alors qu'il y a encore deux minutes, j'ignorais complètement ce qu'Anna représentait pour moi. Je me contente juste d'écouter sa réponse à laquelle je me contente juste de lui rappeler de faire attention à elle avant de détourner mon attention d'elle pour la reporter sur les autres sans pour autant la délaisser, essayant tant bien que mal de faire comme si de rien était mais ça manque de conviction, même pour moi. Une fois le repas terminé, je laisse l'équipe débarrasser et je m'esquive pour aller chercher le cadeau d'Anna dans mon bureau sans l'inviter à me suivre comme j'en avais eu l'intention plus tôt. Je me pose cinq minutes sur mon siège, sortant la boîte, la triturant un moment en me demandant si finalement, c'est une bonne idée de lui offrir cette lame mais comme j'en ai déjà parler à Anna, je ne peux pas vraiment faire machine arrière, pas plus que pour la journée de demain. Je perds un moment à repenser à toutes les occasions manquées où j'aurais pu faire un pas dans sa direction maintenant que je sais plus ou moins les sentiments qu'elle m'inspire et je ne peux m'empêcher de me traiter d'idiot...
▶ Bon sang mais quel crétin !
Ouais, je parle tout seul, ça arrive à tout le monde... J'essaie de me raisonner, j'ai été long à la détente et Anna ne m'appartient pas, je ne peux raisonnablement pas espérer qu'elle m'attende pendant des lustres, à supposer qu'elle ressente un dixième de l'attirance qu'elle m'inspire. Me bouger le cul pour qu'elle oublie le bellâtre du site ? C'est faisable mais peut-être voué à l'échec si au final, elle ne me considère que comme un ami. Bref, je me retrouve à un carrefour sans savoir dans quelle direction aller. Plus jeune, j'aurais sans doute pris cette nouvelle comme un défi, une motivation à faire en sorte qu'elle me remarque mais j'ai passé l'âge et puis, je ne suis plus aussi irréfléchi que par le passé, même si on ne peut pas vraiment dire que je l'ai été un jour. Les centres de recherche vous poussent à grandir vite et à vous blinder, pas le meilleur endroit où passer son enfance, surtout quand on se construit encore. Au final, il m'a fallu des années pour apprendre à faire confiance mais je n'ai toujours pas appris comment construire une relation intime qui soit durable et stable, de ce côté là, j'ai encore beaucoup de progrès à faire, pas étonnant que je n'ai pas su reconnaître les sentiments que je semble avoir nourri pour Anna avant que Lukas en fasse la remarque...
Je finis par redescendre à la cantine pour rejoindre tout le monde et je remarque que bon nombre des petits gâteaux qu'a amené Anna ont déjà disparus. Je reprends ma place à côté de la jeune femme et je lui passe la boîte contenant son cadeau...
▶ J'ai un peu de retard pour ton cadeau d'anniversaire, cette année, désolé. J'espère que ça te plaira...
Je n'ai jamais raté son anniversaire mais c'est la première année où je lui offre son cadeau en retard. J'ai une bonne excuse avec le boulot qu'on fait mais ce n'est pas mon genre de m'en servir, surtout que d'ordinaire, je trouve tout de même le temps de le lui offrir le jour même. Cette année a été un peu différente mais je n'ai pas oublié pour autant. J'imagine que ça lui fera tout de même plaisir...
▷ Si c'est pas mignon... Tu lui as offert quoi ? Un coupe papier ?
Je me tourne vers Lukas pour lui faire un doigt d'honneur...
▶ C'est pas tes oignons, du gland.
▷ Je sais pas si tu t'en rends compte mais quand c'est nous, tu te contentes généralement de nous offrir des billets pour un match de foot, de basket ou de hockey mais quand c'est Anna, tu te plies en quatre chaque année...
▶ Ce n'est pas de ma faute si vous vous contentez de peu. T'as qu'à commencer une collection et je t'offrirai quelque chose pour la compléter...
J'aimerais surtout qu'il la ferme, du coup je jette un oeil à notre chef d'équipe qui s'occupe de ramener Lukas au pas et j'en profite pour ronchonner envers tout le monde sur le nombre de gâteaux qui ont déjà disparus. Cela ne m'empêche pas d'en prendre un de chaque et de les manger tout en gardant un oeil sur la réaction d'Anna pendant qu'elle ouvre son cadeau.
Je sais qu’en temps normal, je ne crois pas en l’amour et aux relations, mais… Je commence à me rendre compte que le temps et l’horloge biologique continue de tourner pour moi, je ne rajeuni pas. De plus, ce qui s’est passé avec mon père n’est pas la norme dans le monde, que c’était une exception.
Bien sûr, il existe des solutions pour que j’ai une progéniture sans le fardeau du géniteur. Mais, je doute de ma capacité à équilibrer mon travail prenant au Thirds et élever un enfant toute seule. Je sais que dans le monde, la monoparentalité est une structure familiale bien encrée dans la société moderne. Et puis, je ne serais pas laissée seule face à ce défi, ma famille m’aiderait.
Je pense que ce qui m’a fait un électrochoc, c’est l’arrivé de Maria et de ses enfants dans mon quartier. En me liant d’amitié avec elle, et en faisant la baby-sitter, mon envie de maternité que j’avais enfouie au plus profond, est remontée à la surface. Sans compter que la maison me paraît vide quand je rentre le soir. Bref, je vieillis et mes convictions changent. C’est pour cette raison, que dans un élan de solitude, je me suis inscrite sur Theri-Love.
Je reconcentre sur le monde réel quand Ian me parle. Je le regarde en souriant, les joues roses. Je ne tente pas de cacher mon écran, comme si j’avais honte de ma tentative de séduction par écran.
« - Hmm ? Oui on peut dire ça comme ça. »
On peut dire que ce sont des bonnes nouvelles, je parle à un homme depuis quelques temps, le feeling passe bien entre nous. Nous cherchons quelque chose de décontracté pour le moment, il n’est pas rebuté par ma passion pour les lames, lui-même il est les manipulent dans sa vie quotidienne, il est chef cuisinier de son propre restaurant. Nous avons commencé à parler d’une éventuelle rencontre dans la vie réelle. Mais, nos emplois du temps ne sont pas en phase, son restaurant est en plein essor ce qui entraîne des services à rallongent.
Je range mon téléphone dans ma poche, pour ne pas paraître impolie durant le repas. Je suis du regard Ian rentrer dans le bâtiment, inquiète pour lui quand je ne l’ai pas vu se resservir. Je sais que les hommes Therians sont des gouffres sans fin, surtout ceux du THIRDS qui ont plus d’une occasion pour se dépenser. Je reste assise tandis que les hommes débarrassent la table, j’ai essayé d’aider mais je me suis fait rabrouer par le chef. A la place, je vais me servir du dessert et, j’en met de côté certains de mes gâteaux pour Ian, car une fois que l’équipe reviendra de son excursion aux cuisines, ils se jetteront dessus comme s’ils ne venaient pas de manger. Je sirote ma bière tranquillement, n’osant pas regarder mon téléphone. En attendant le retour de mon ami, je fais la causette à un de ses collègues, ignorant les bouffonneries de Lukas.
Je sens une présence à mes côtés, je n’ai pas besoin de tourner la tête pour savoir qu’un certain jaguar est de retour. Instinctivement je reconnais sa présence dans mon environnement, je ne connais pas la raison de cela, mais depuis toute petite c’est ainsi. Je mets fin à ma discussion quand une boîte apparaît devant moi.
« -Oh Ian, tu n’étais pas obligé de m’offrir quelque chose. Pas de soucis, je sais que tu as été occupé, ce n’est pas ton genre de raté volontairement mon anniversaire. »
Une fois de plus, je fais fis de l’agitation provoqué par le clown de service et j’ouvre le paquet, je reste bouche bée devant la beauté de la lame. Je la sors doucement pour la tournée et l’inspecter minutieusement. C’est une reproduction si fidèle d’une lame mongole qui me fait saliver depuis longtemps, dont le prix me donne le vertige tant il y a de chiffre. Je peux être une collectionneuse passionnée, je sais quand même me contenir à ce qui rentre dans mon budget. Je me tourne vers Ian, un grand sourire aux lèvres, je pose la lame dans son écran et je me jette sur mon ami pour lui faire un gros câlin. Je ris dans son cou en entendant son échange avec Lukas, franchement, il n’en manque pas une. Je recule et je lui dépose un baiser sur sa joue barbue.
« - Elle est parfaite Ian. Celui qui l’a faite est une personne soucieuse des détails, tu dois nous présenter. »
Je prend ma place, un coup de main sur mes vêtements pour les remettre en place. Je regarde Lukas en souriant mieilleusement.
« - Mon pauvre garçon, ne sois pas jaloux de Ian, c’est un homme qui s’est plaire aux femmes et qui s’est comment les satisfaire. Alors que toi et les autres garçons sont si facilement satisfait que s’en ait triste. »
Je me contente de hausser les épaules quand elle souligne le fait que je n'étais pas obligé de lui offrir quelque chose pour son anniversaire. Je n'ai jamais raté l'occasion de lui offrir un cadeau pour son anniversaire depuis qu'on s'est retrouvé, je ne vais certainement pas commencer maintenant, même si j'ai un peu de retard cette fois-ci. Je la laisse découvrir son cadeau à son aise, guettant sa réaction qui ne tarde pas à venir. Elle a l'air ravie et examine la lame sous toutes ses facettes, teste son équilibre en bonne armurière qu'elle est, observe le manche et le fourreau... Son grand sourire provoque le mien en retour, c'est tellement facile de lui faire plaisir... Comme d'habitude, son câlin soudain me prend par surprise. J'ai beau savoir que ça arrive chaque fois que je lui offre quelque chose, je n'arrive pas à m'y faire, je suis toujours pris de court. Ajoutez à ça la révélation que je viens d'avoir et vous comprendrez pourquoi j'inspire si vivement et que l'air se bloque dans mes poumons... Dieu quelle sent bon ! Malheureusement, c'est déjà fini, même si je gagne un baiser sur la joue avant qu'elle ne s'écarte... Par contre, je tique légèrement quand elle demande à rencontrer la personne qui a recréé la lame. Techniquement, elle le connait puisque c'est l'un de nos fournisseurs mais pour autant que je sache, elle ne lui a jamais parlé que par téléphone et puis... Oui, je suis déjà assez jaloux du type de son appli alors ajouter un troisième joueur à la partie, ça m'irrite un peu, même si je n'en montre rien. Cela dit, elle est tellement heureuse de son cadeau que je me vois mal lui refuser d'au moins savoir de qui il s'agit...
▶ Content qu'elle te plaise. J'ai passé commande auprès de Spencer Yates, l'un de nos fournisseur pour nos couteaux tactiques...
Tant qu'à lui offrir une lame, je me suis dit qu'elle devait être parfaite et opérationnelle, c'est la raison pour laquelle la lame de sa dague est du même acier que nos couteaux tactiques. Ils sont solides, peuvent au moins supporter une balle sans se briser, du moins quand on est assez chanceux pour parvenir à dévier une balle avec une lame, le tranchant ne s'émousse pas facilement... Au moins si un jour elle se fait agresser chez elle, elle aura au moins une lame sûre sur laquelle compter, si elle ne dézingue pas son agresseur avec une balle avant...
Sa taquinerie envers Lukas est hilarante et mais je sens les représailles venir, sauf que c'est maintenant Jessie qui prend la parole...
▷ Ben, ouais, c'est des mecs, quoi... Mais Ian est toujours célibataire, ce qui signifie que tu es la seule qu'il parvient à satisfaire... Ca fait de toi un cas à part, tu crois pas ?...
Je m'attendais à un un début de joute verbale entre Lukas et Anna et finalement, non. Cela dit, je me serais bien passé d'un rappel sur mon absence de relations amoureuses. Papillonner comme Lukas le fait, c'est bien, tant que tout le monde y trouve son compte et que personne n'est blessé mais certains aspire à plus que ça. Personnellement, mes rencontres d'une nuit s'espacent de plus en plus, principalement parce que ça ne me satisfait plus et qu'au final, ça ne change rien, je rentre toujours dans un appartement vide... Et puis j'ignore les intensions de Jessie mais j'espère sincèrement qu'elle ne tente pas de jouer les entremetteuses. Comme tous mes coéquipiers, elle se mêle de la vie des autres et parfois elle n'hésite pas à foncer tête baissée, que ce soit sur le terrain, à l'entraînement ou sur un sujet de discussion. Elle est plutôt franche alors quand elle commence à insinuer des choses, j'ai plutôt tendance à me méfier. Du coup, je réponds rapidement avant Anna, tentant de jouer l'indifférent...
▶ Ca veut simplement dire que je la connais bien...
De ce fait, Jessie reporte son attention sur moi, me regarde un moment sans rien dire, puis fait la même chose avec Anna avant de soupirer et de se laisser aller contre le dossier de son siège...
▷ C'est ça et moi, je suis la reine d'Angleterre...
Je la regarde avec insistance, tâchant de lui faire comprendre que je ne veux pas qu'elle se mêle de quoi que ce soit. Si quelque chose doit se passer entre Anna et moi, ça se fera, sinon, c'est que ce n'était pas destiné à être autre chose qu'une profonde amitié. Cela dit, Jessie n'a pas tort, Anna est à part. Elle peut envahir mon espace personnel sans que ça me dérange. Bon, l'équipe aussi mais pas sans que je ne finisse par m'écarter au pour de quelques secondes alors qu'Anna pourrait y rester pendant des heures que ça ne me perturberait pas plus que ça, bien au contraire. Cela dit, j'ignore les autres et me tourne vers la concernée, histoire de changer de sujet...
▶ Au fait, à quelle heure je te retrouve demain, et où ? Je peux aussi passer te chercher, c'est toi qui voit...
J'entends Lukas qui marmonne sur le fait que je n'essaie même pas de draguer Anna alors que je viens de comprendre ce qu'elle m'inspire... Désolé mon vieux, je ne suis pas un bourrin comme toi... Après tout, c'est pas parce qu'elle suscite des sentiments profonds en moi que je dois foncer dans le tas comme un bourrin et puis j'ignore si j'ai la moindre chance vu qu'elle a rencontré quelqu'un via ce site de rencontre... J'aime autant ne rien faire pour l'instant et voir comment les choses vont aller avant de faire un pas dans sa direction. Mon félin, lui, ne semble pas partager ma passivité et si je l'écoutais, il y aurait de fortes chances que je finisse par agir comme un homme des cavernes, très peu pour moi... Il faudra bien qu'il s'y fasse...
En attendant, même si c'est non-officiel et informel, j'ai rancard avec Anna demain... Je pourrai toujours essayer d'en savoir plus sans avoir l'équipe sur le dos à écouter et intervenir à tout bout de champ...