Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Dim 1 Mai - 3:50
Pink Champagne
Kallen quitte tout juste l’immeuble où il vient d’aider un collègue à monter du nouveau mobilier dans l’appartement de sa mère. Son service rendu, il termine sa journée en marchant les deux coins de rue le séparant de sa place de parking. Il ne connaît pas très bien le quartier, pourtant l’ambiance est animée depuis le début de l’après-midi. Les gens flânent et s’arrêtent pour discuter, on entend des rires entre un air de guitare, probablement un musicien itinérant. Ses pas ralentissent sans le concerter et son esprit se laisse imprégner par l’effervescence de la ville. Il prend le temps d’observer les environs, la ligne de restaurants sur sa droite, quelques boutiques huppées, puis une enseigne attire son attention.
Une vieille allure des années 70, le genre de boutique un peu inusitée pour l’époque, avec de longues allées et des lettres en néon au mur. Des posters. Un sol tout en moquette. Kallen décide d’en passer la porte et une clochette résonne à travers les notes d’une chanson célèbre dans les enceintes fixées au plafond. On dirait un vide-grenier bien rangé. Une caverne d’Alibaba musicale. Le genre d’endroit où il faut fouiller pour dénicher une perle rare. Il y a du neuf comme de l’usagé, classé par genre puis par artiste. On retrouve même des cadres avec des photos autographiées, une section partitions et tout un rayon de vinyles. Le châtain s’avance vers ce dernier tandis que le caissier feuillette un magazine sans lever le nez du comptoir.
Il zieute les albums de Queen par automatisme. Il les a tous, mais ça lui plaît de vérifier lesquels sont en vente et quelle édition. Relire les titres qu’il connaît par cœur le fait sourire et il continue son exploration, tombe sur un vieux t-shirt de David Bowie avec l’iconique éclair d’Aladdin Sade en rouge sur son visage, comme une peinture de guerre. Plus loin, il découvre un poste d’écoute de musique plus récente et attrape une paire d’écouteurs pour la mettre sur ses oreilles. Un son électrique se mélange à une voix masculine populaire et Kallen bat du pied en rythme. Il prend le temps d’écouter quelques secondes de chaque piste avant de se décider à glisser un exemplaire du vinyle sous son bras.
Arpentant les rangées, il dégote un recoin caché avec une demi-dizaine de guitares sur socles, ne demandant qu’à être prises, sans vitre d’aucune sorte pour les protéger. Les doigts de Kallen glissent sur le manche d’un modèle électrique Fender blanc et couleur bois. Il ne sait pas en jouer, mais passe tout de même la corde en bandoulière par-dessus son pull, rien que pour voir l’effet que ça fait de la tenir. Elle est plus lourde qu’il imaginait. Les cordes sont plus raides, aussi. Ça a l’air si simple en voyant les musiciens faire à la télé, pourtant il peine à écarter les doigts sans les sentir se tendre sous la gymnastique.
Il en oublie complètement l’heure. Ne sait même pas depuis combien de temps il a franchi la porte du magasin. Le vinyle qu’il a prévu d’acheter laissé à côté lui, il garde les yeux fixés sur l’instrument pour en examiner les détails de plus près, presque déçu qu'il n'y ait pas d’ampli tout près pour la brancher et la tester. Il se demande comment on se sent, grimpé sur scène avec une foule venue exprès pour vous entendre jouer.
Lorsqu’elle ne bossait pas, Camellia avait un emploi du temps certes plus léger mais il y avait une tout de même une certaine routine à respecter. Lever à 9h, traînée dans le lit jusqu’à 9h30. Petit-déjeuner. Douche. Traîner sur les réseaux sociaux et répondre à quelques mails ou messages. Elle déjeunait en général aux alentours de 13h. Puis, l’après-midi différait selon ses envies. Elle pouvait tout aussi bien rester à l’appartement qu’aller flâner en ville et faire quelques emplettes. Et ce jour, elle avait besoin de faire quelques achats. Aussi se dirigea-t-elle vers un quartier qu’elle n’avait pas encore exploré : River North.
Jusqu’à présent, elle était restée aux alentours de son lieu de vie et de son lieu de travail, un changement d’horizons ne lui ferait pas trop de mal. Arrivée à destination, armée de son GPS – aka son smartphone – elle s’empressa de faire le tour des boutiques qu’elle cherchait, ne voulant pas se faire avoir par l’heure de pointe. Trois boutiques, deux cahiers de musique, une boîte de médiator et quelques bouquins plus tard, la demoiselle avait terminé sa liste. Il ne lui restait plus qu’à flâner. Elle passa devant bon nombres de boutique de vêtements, des restaurants ( notant certains à chercher voir s’ils en valaient la peine ou non. ), et inévitablement, trouva des boutiques où l’on vendait des instruments de musique. Elle n’osa même pas passer la porte alors qu’elle contemplait avec envie les guitares électriques rutilantes exposées. Et leurs prix bien trop élevés pour son budget.
Elle soupira avant d’arracher son regard et de poursuivre sa route. Dans sa promenade sans but, elle tomba sur une petite boutique nichée au look un peu désuète. Mais à en juger par l’intérieur, nulle doute qu’elle allait quelque chose qui allait forcément lui plaire. Elle y entra, lança un simple bonjour… mais aucune réponse. Ah, elle pouvait se brosser pour la politesse. Bah, tant pis. Elle ne le prit pas à coeur et se balada dans les allées, regardant un peu au hasard et prenant son temps. Elle y trouva même quelques partitions de chansons datant des années 70 & 80. Elle se contenta d’un seul recueil. Elle en avait déjà beaucoup trop chez elle pour s’entraîner.
Continuant sa petite quête, elle finit par atterrir dans un coin dissimulé qui contenait quelques guitares. Et visiblement, on l’avait devancé. Elle avisa rapidement l’instrument qu’avait prit l’homme. Une Fender. Mais son œil, son corps fut bien évidemment attiré par une petite beauté ( à ses yeux ). Du bout des doigts, elle toucha les cordes de la Gibson aux couleurs sombres. Elle posa son sac à dos et ses achats au sol et s’empara de la guitare, apprécia silencieusement le poids de l’instrument contre elle et dans ses bras. Elle fit brièvement vibrer les cordes avant de commencer à les gratter, entonnant diverses musiques à la suite. Elle n’avait pas besoin de voir l’étiquette pour savoir qu’elle ne pourrait pas se le payer. Mais si elle pouvait en profiter, ne serait-ce qu’un peu, elle n’allait pas se priver.
Comme chaque fois qu’elle se plongeait dans la musique, Camellia avait tendance à oublier son entourage. Et bien malgré elle, malgré sa taille impressionnante, elle avait bien évidemment oublié la présence de l’autre homme. Lorsqu’elle redescendit de son petit nuage, une certaine gêne se dessina sur son minois, tandis qu’elle remettait un peu d’ordre dans ses cheveux (elle s’était un peu emportée).
-Désolée si cela vous incommodait… Je n’ai pas vraiment le moyen de m’offrir une guitare comme celle-là alors j’en profite… Avais-tu vraiment besoin de te justifier ? Il doit s’en foutre complètement…
-Les Fender sont bien mais je préfère le son que produise les Gibson.
Il y avait un je-ne-sais-quoi de nostalgique qui s’en dégageait et qui faisait chavirer son coeur à chaque fois.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Sam 28 Mai - 22:27
Pink Champagne
Il ne remarque pas tout de suite la présence d’une autre personne à côté de lui, concentré qu’il est à admirer les détails de l’instrument de plus près. Il faut dire que la moquette du magasin atténue également les pas habituellement si repérables à l’oreille, ce qui fait qu’au lieu du bruit des chaussures au sol, c’est celui des cordes qu’il ne pince pas qui l’amène à relever la tête et réaliser qu’il n’est plus seul. Une fille d’environ son âge se tient debout et gratte différents airs sur sa guitare, comme si le reste du monde n’existait pas. Il sent qu’elle s’y connaît – l’entend surtout – et n’ose pas bouger, de peur de la déranger et de rompre le charme.
Le son est bien mieux qu’il n’imaginait malgré l’absence d’ampli, il arrive même à reconnaître deux trois chansons. C’est impressionnant de voir quelqu’un jouer de si près, et elle a du style, mais ça il aurait pu le dire rien qu’en voyant ses cheveux roses. Lorsqu’elle cesse de jouer pourtant, son assurance semble se dissiper, et comme lui un peu plus tôt, elle se rend compte ne plus être seule. Sur le moment ça amuse Kallen, parce que si lui ne l’a pas vue arriver, il était déjà là quand elle a commencé à gratter les cordes. Pas que ça le gêne, au contraire, mais elle s’excuse tout de même et le châtain lève une paume pour la rassurer.
-Non, c’était cool. Il sourit. Je sais pas en jouer, je pensais même pas qu’on pouvait le faire sans qu’elle soit branchée.
Elle le relance sur la marque des guitares et Kallen constate qu’ils n’ont effectivement pas la même au cou. Curieux de comparer, il glisse son pouce sur les cordes de la sienne une première fois, puis une seconde. Il essaie de se remémorer le son de la Gibson, mais il était trop concentré à écouter la musique pour s’en rappeler et redresse à nouveau la tête vers la fille en face de lui.
-Tu peux gratter aussi, pour voir ?
Il en profite, comme elle dit. Ce n’est pas toutes les boutiques qui autorisent la clientèle à toucher aux instruments, et ceux-là ont beau être de seconde main, le prix reste dispendieux. Il gratte donc une nouvelle fois sa guitare pour lui montrer ce qu’il veut dire et attend qu’elle en fasse autant pour étudier la différence de son. Le châtain a toujours adoré la musique. Il n’y connaît pas grand chose en composition, mais ça l’épate toujours d’entendre un nouvel air à la radio. De se dire que quelqu’un a su mélanger les notes pour en arriver à un résultat si accrocheur. Il admire la créativité des musiciens, mais réalise soudain qu’il doit paraître un peu étrange à tenir une guitare sans savoir en jouer, et repose la sienne sur son socle.
-Je regarde souvent des concerts à la télé et je me suis demandé quel effet ça faisait d’en tenir une. Il rit en se passant une main sur la nuque, un peu gêné. C’est plus compliqué qu’il n’y paraît.
Son regard continue d’être attiré vers la guitare, mais il finit par s’en détacher pour le ramener sur sa voisine.
-Tu joues quelque part ?
Tous les musiciens ne montent pas sur scène, toutefois le seul moyen de le savoir est de demander. En déménageant à Chicago, Kallen s’est promis de repartir à neuf et de sortir de sa zone de confort, et s’il s’est laissé quelques semaines le temps de s’installer, l’occasion d’aujourd’hui a peut-être les moyens d’élargir son horizon.