Il est guéri. Et le téléphone tourne entre ses doigts. Une fois. Deux fois. Quinze fois.
Il est guéri. Il doit lui dire. Il est guéri. Il peut reprendre sa vie. Il est guéri.
Pour combien de temps ?
Avis avait toujours eu le danger dans les veines. Avis avait toujours eu le goût du sang.
Ça avait commencé trop jeune. Quand il s’était dressé face à ceux qui avaient blessé son frère, il n’était qu’un môme mais avec cette rage déjà dans les poings. Puis quand il avait trouvé ses premiers combats et qu’il avait compris, malgré sa jeunesse et son inexpérience, qu’il était bon. À quel point il aimait ça.
Alors combien de temps est-ce qu’il allait tenir loin de la salle gardée par Rouge ? Loin la foule en délire. Loin de l’effervescence qui attise la violence. Combien de temps avant la prochaine blessure ? Avant celle dont il ne se relèvera pas ? Ça aurait pu être plus grave, si le colosse ne l’avait pas arrêté. Ça aurait pu être cette fois, la dernière fois. Combien de temps avant que Kallen ne comprenne ? Il a déjà eu des aperçus de ce qui peut le ronger, Avis. De ce que c’est quand la rage monte d’un seul coup. Mais il ignore à quel point elle est quotidienne et il aimerait qu’il ne le sache jamais (et il sait Avis, il sait que ça finira par arriver).
Pourtant il compose le numéro. Pourtant il l’appelle. Malgré le cœur qui bat à mille à l’heure. Malgré les mains qui tremblent. Malgré la peur qui noue le ventre.
Il déteste savoir qu’il le perdra un jour. Mais il n’est pas capable de se tenir loin de lui. De ne plus entendre sa voix. De ne plus plonger dans son regard. Oh si seulement il n’avait pas cédé à l’envie d’en savoir plus ce premier soir - oh non. Heureusement qu’il a cédé. Pour connaître enfin la sensation du cœur qui semble exploser. Celle des battements loupés. Celle des joues qui brûlent. Celle d’avoir peur de tout gâcher mais de quand même chercher à faire de son mieux.
Il fait de son mieux Avis. Autant qu’il peut. Autant qu’il peut même quand il tombe sur le répondeur.
“Kallen ? C’est Avis. Oh bon sang bien sûr tu sais que c’est moi il y a mon nom sur l’écran, quel imbécile. Je voulais savoir si ça te disais de passer ce soir. À partir de 18 heures ? J’ai fait des muffins et je sais qu’on peut pas se nourrir exclusivement de muffins mais j’ai quand même fait des muffins. En fait j’ai aussi fait des cookies parce qu’Ashley me racontait une histoire interminable donc j’ai eu le temps. Enfin bref, je suis libre. Tu peux passer quand tu veux ok ? J’ai besoin de te parler. Enfin non ça fait trop sérieux dit comme ça, c’est rien de grave promis. 18h, si t’es libre ? Pitié dis-moi que t’es libre.”
Oh il a conscience que 18 heures c’est dans à peine deux heures. Qu’il s’y prend tard et qu’il est vraiment idiot de ne pas avoir appelé plus tôt. Mais Ashley devait partir avant et il ne partait pas. Et il a hésité après ça. Trop longtemps. Parce qu’il ne sait pas vraiment comment on fait, quand les choses comptent.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Sam 7 Sep - 21:15
Superache
Le vent n’arrête pas de les ralentir aujourd’hui, ils peinent à finir de décharger la dernière cargaison. Lee a fini par s’attacher les cheveux avec un élastique emprunté à Alyssa et Kallen a coincé les cordons de son sweat sous ses vêtements pour éviter qu’ils lui fouettent le visage à tout va. Ça ne les a tout de même pas empêché de trouver cinq minutes pour mettre des cailloux dans les chaussures d’Aaliyah pour l’empêcher de s’envoler, et la rouquine leur a montré sa gratitude en vidant ses espadrilles sur eux. Heureusement, 17 heures est sur le point de sonner et en donnant un dernier sprint, ils réussissent à terminer à temps.
-Vous croyez que ma fiancée acceptera de me donner un massage ? -T’es tellement douillet, Lee.
Aaliyah s’esclaffe, mais ce n’est pas suffisant pour effacer le sourire rêveur du visage de Lee pendant qu’ils traversent le parking. Kallen en profite pour jeter un coup d'œil sur son téléphone et remarque un appel manqué d’Avis. Plus surprenant encore, il y a un message vocal. Portant l’appareil à son oreille après avoir souhaité un bon week-end aux deux autres, il l’écoute en rejoignant son pick-up, mais le message est si long qu’il a le temps de s’installer derrière le volant avant la fin. Son sourire ne flanche qu’une fois pendant l’écoute, appréhendant une conversation sérieuse quand Avis exprime le besoin de lui parler. Il a l’impression que c’est important même si ce n’est rien de grave, mais il y a aussi des muffins et… On dirait qu’Avis a hâte de le voir. Ça suffit à piquer sa curiosité et il retrouve son sourire en regardant l’heure, puis lui envoie un texto avant de démarrer.
Hey j’ai bien reçu ton message, je viens de finir le boulot. Je file prendre une douche et j’arrive. À quoi les muffins ?
L’invitation l’intrigue, mais elle lui fait plaisir aussi. Il y a un moment qu’il n’est pas allé chez Avis. La dernière fois remonte à leur dispute en réalité, et Kallen n’est pas contre l’idée de laisser ces souvenirs derrière eux. Sa tante est déjà sortie pour la soirée lorsqu’il se gare devant la maison et il peut sauter à la douche sans attendre que la salle de bain se libère. Dans sa chambre, il attrape un pull marron et un jean foncé quand un détail lui saute aux yeux. Entre les muffins et les cookies, est-ce qu’il est invité à dîner ? Kallen n’a pas l’habitude, il rouvre sa messagerie, hésite, puis la referme. Il décide de ne pas s’en faire avec ça et de s’en tenir à ce que Avis lui a dit. Bien sûr qu’il peut passer. Il attrape ses clés, enfile ses chaussures et il est parti. Il n’a pas un très long trajet à faire jusqu’à l’appartement d’Avis, mais maintenant qu’il se trouve devant l'interphone de l’immeuble, il se sent un peu nerveux en appuyant sur le bouton.
-Hey, c’est Ashley, il reste encore des cookies ?
Il sait très bien qu’Avis le reconnaîtra, ils n’ont pas du tout la même voix, sans parler de l’accent, mais blaguer le détend et il attend qu’il lui ouvre pour monter. L’odeur de pâtisserie s’est répandue jusque dans le couloir de l’étage, mais ce n’est rien en comparaison à la bouffée d’air sucré qui lui happe les narines au moment où la porte s’ouvre.
Il croit que la réponse ne va jamais arriver. C’est absurde, pas vrai ? Il est déjà persuadé qu’il va passer la soirée seul quand la réponse lui parvient. À quoi les muffins ? “Tu verras.” il répond simplement. Dans un soupir de soulagement. Avant de se rendre compte qu’il a une heure à tuer.
Alors il arrange quelques détails par-ci par-là. Une tâche sur le plan de travail. Un pli sur le canapé. Met en route la platine.
File dans la salle de bain vérifier que ses cheveux ne sont soudainement pas sans dessus dessous. Mais les boucles sont comme à leur habitude et descendent souplement le long de son visage. Se pschit un peu de parfum en passant. Ça sent le sucre. La pomme et la cannelle. Ça sent lui comme toujours.
Il entend 18 heures sonner. Et l’interphone. Il se jette presque dessus. Ricane en l’entendant et appuie simplement pour le laisser entrer. Déverrouille la porte et l’attend.
“Tu sais qu’Ashley a la clé ?”
Il ricane encore. Laisse traîner son regard sur lui alors qu’il entre. Ferme la porte. La verrouille machinalement. En oubliant peut-être volontairement la clé dans la serrure, des fois qu’Ashley essayerait de rentrer même s’il n’est pas supposé se montrer ce soir.
La porte fermée et le silence revenu. Les battements de son cœur, trop forts dans sa poitrine.
“Salut.”
Attrape le pull du bout des doigts pour le rapprocher. Et en se hissant sur la pointe des pieds, un baiser dérobé. Rapide. Pour ne pas s’égarer.
Il est guéri. Il pourrait.
Mais il essaye, pour Kallen. Il essaye de faire de son mieux. Essaye de ne pas tout gâcher bêtement. De leur offrir un maximum de temps.
Alors il s’échappe déjà. Étire un sourire alors qu’il se dirige vers le salon. Il y a la fenêtre qui mène au balcon entrouverte et la platine fredonne du Queen. Comme la première fois, il songe. Même s’il n’en dit rien. Les muffins et les cookies sont installés sur la petite table. Froids depuis le milieu d’après-midi mais appétissants.
“Tu peux prendre à manger si tu veux, ou te servir à boire, ou…” ou quoi ? “Fais comme chez toi, ok ?”
Et il se pourrait qu’il soit légèrement nerveux. Ça devrait pas être compliqué à dire, pourtant. Je suis guéri. Ça devrait pas être compliqué mais il a les doigts qui tapotent le long de sa jambe.
“Kal, je…” mais ça lui semble tellement improbable après presque quinze jours “Je suis allé faire checker ma tête aujourd’hui et je suis guéri.” soufflé comme un secret “Je peux… vivre ma vie.”
Ou la perdre en continuant ses conneries. Il enfouit la pensée. Ne veut pas qu’elle assombrisse le tableau. C’est juste lui et Kallen, ce soir. Juste lui et le bonheur qu’il veut s’autoriser à ressentir.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Dim 8 Sep - 1:00
Superache
Avis se tient dans l’entrée où Kallen retire ses chaussures en souriant de la remarque sur Ashley.
-Maintenant je sais.
Il trouvera mieux la prochaine fois. En attendant, il se redresse pendant qu’Avis referme la porte, les plongeant dans un étrange silence. Ce n’est pas inconfortable à proprement parler, et surtout ça ne dure pas. Avis tire sur son pull pour l’embrasser et Kallen reste à sa hauteur lorsque leurs lèvres se séparent. Il sourit.
-Salut.
Il y a un battement supplémentaire où le châtain se contente de le regarder, puis Avis se met en mouvement en direction du couloir. Un parfum fruité flotte encore dans l’air chargé d’épices et de sucre. Il entend Queen jouer au salon et y rejoint Avis. Son regard trouve les muffins sur une petite table et il identifie sans mal les myrtilles à travers la pâte. Second sourire, à moins que le premier n’ait pas encore quitté ses lèvres. Des pépites de chocolat dépassent des cookies et il reconnaît bien là la dent sucrée des Green. Est-ce qu’ils sont censés manger des pâtisseries pour dîner ? Kallen étudie l’option en réalisant qu’il a plutôt soif lorsque Avis le mentionne, mais le brun se fait plus sérieux et il n'a pas l’occasion de se diriger vers le frigo.
Tout porte à croire qu’il est sur le point de lui annoncer une mauvaise nouvelle, si bien qu’il n’est pas sûr d’avoir bien entendu. Il se rapproche et oui, il a bien compris. Avis est guéri. Il en soufflerait de soulagement s’il ne venait pas d’en saisir les implications. La raison du murmure.
-Avis, c’est génial !
C’est maladroit, un peu forcé, pourtant la clarté de ses yeux est sincère. Il est réellement content.
-Tu sais quoi ? T’as fait le dessert, je vais m’occuper du dîner. Pour fêter ça.
Sans attendre, il se précipite vers le frigo et évalue son contenu.
-T’as des pommes de terre quelque part ?
Il sort deux steaks, repère la cuisinière et fouille le tiroir à la recherche d’une casserole.
-Ou des carottes.
Plus difficilement cette fois, car il ne sait pas où sont les choses en dehors de l’alcool, il réussit à mettre la main sur une boîte de pâtes. Bouger l’empêche de penser à ce qui peut arriver maintenant que la commotion n’est plus là pour les freiner, pourtant c’est lui qui s’arrête lorsque Avis le rejoint dans la cuisine. Comme s’il réalisait seulement maintenant l’effort du brun pour lui annoncer la nouvelle, ses yeux se posent à nouveau sur les muffins au salon, sur le tourne-disque qui passe son groupe préféré, et enfin sur celui qui a préparé tout ça. Son cœur se serre et il tend une main vers son visage, effleure ses boucles brunes. Il voudrait le remercier pour tout ce qu’il a fait ce soir, mais Kallen a toujours eu de la difficulté à dire certaines choses. Alors après un moment d’hésitation, ce sont ses lèvres qui se pressent sur les siennes, les doigts agrippés à sa nuque et la paume contre sa joue. Un baiser comme il a envie de lui en donner depuis un sacré bout de temps, il réalise.
Il en a encore le cœur affolé lorsqu'il le lâche pour se concentrer sur le dîner et lui lance quelques coups d'œil à la dérobée, dont plusieurs avec un sourire en coin. Il se met à fredonner la chanson en arrière-plan et à lui raconter le coup du jour fait à Aaliyah en apprivoisant le contenu des armoires.
-Tu as quelque chose à boire ? J’aurais pu acheter un truc en chemin. Du vin, peut-être ?
Un sourire en réponse. Presque tremblant. Nerveux.
Il ne l’a jamais autant été. Rien n’a jamais autant compté que l’homme qui se trouve dans son salon ce soir. Comme rien n’a jamais été aussi facile à perdre. Et il a tellement peur. Tellement peur de tout gâcher trop vite. Tellement peur de ne pas être à la hauteur quand bien même il essaye. Parce que Kallen le mérite. Qu’il soit sa meilleure version de lui-même. Qu’il donne tout le meilleur de ce qu’il peut avoir. Il n’en a pas beaucoup mais il est prêt à tout lui offrir. Rien que pour ces quelques instants volés au reste de leur vie.
Et il adore le voir déambuler dans sa cuisine. Ouvrir le frigo, ouvrir les placards à la recherche de ce dont il a besoin. Il adore savoir qu’il le fait avec tant d’aisance, comme si c’était parfaitement naturel. Parfaitement normal.
Il ne se rend même pas compte qu’il ne lui répond pas. Se contente de le regarder. De le dévorer du regard.
Il s’avance, s’adosse contre la poutre, tout près du plan de travail. Il est persuadé que sinon il va s’écrouler. Kallen est bien trop beau, bien trop précieux pour lui. Et il a tellement peur de le gâcher. Mais déjà il y a ces doigts qui se tendent vers lui et les yeux voudraient se fermer. La joue voudrait se presser contre sa paume et son corps se blottir contre le sien. Où il se sent à sa place. Où tout est si facile. Où tout prend son sens. Contre ses lèvres, il s’y presse tendrement. Mais c’est trop court et Kallen est déjà reparti à sa première idée alors qu’il peine à retrouver son souffle.
C’est ridicule. Il ne devrait pas être si court. Ce n’était qu’un seul baiser.
“Kallen.”
Il finit par murmurer en s’avançant vers lui. Ne lui laisse pas le temps de se retourner. Passe son bras autour de son ventre. Presse sa joue presque contre sa nuque. Son torse contre son dos.
“Kallen, stop.” Supplié. “J’ai pas faim. En tout cas je ne pourrais jamais avaler un repas complet.”
Un rire nerveux sur les lèvres. Qui se tarit vite alors qu’il enfouit un instant son visage contre sa nuque. Inspire son odeur à plein poumons. Y dépose un baiser, si doucement.
“Je sais pas comment faire ça, Kal.” Ne pas lui faire du mal. Être toujours sa meilleure version de lui-même. “Je sais pas comment m’y prendre quand ça compte.” Ferme les yeux. Sourit légèrement contre la peau. “Et tu comptes pour moi. Et… Et j’ai tellement, tellement peur de tout gâcher…”
Avec ses secrets. Avec ses maladresses. Avec ses coups d’éclats et ses manques de confiance.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Dim 8 Sep - 22:40
Superache
Ce qui lui met la puce à l’oreille en premier, c’est l’absence de rire quand il lui raconte la blague qu’ils ont faite à Aaliyah. Puis son prénom tombe, si différent de la manière dont il l’a soufflé dans ses bras au garage. Kallen n’a pas le temps de se retourner qu’Avis se presse contre son dos, et il arrête tout. Le contacte lui coupe le souffle et sur le moment, il ne comprend pas pourquoi Avis serait incapable d’avaler un repas. N’est-il pas guéri ? Un mauvais pressentiment se glisse dans le frisson qui dégringole sous ses lèvres.
-Je comprends pas, Ave.
Gâcher quoi, pourquoi ? Ça n’a aucun sens. Sa main se pose lentement sur celle contre son ventre et il l’écarte doucement pour se retourner vers lui.
C’est juste moi. Entendant après coup comment sa réplique sonne, il se reprend. Je veux dire, t’as fait des muffins aux myrtilles, ton appart est plus rangé que ma propre chambre.
Il agite la main pour lui indiquer la pièce sans le quitter des yeux.
-Je sais pas comment on fait ça non plus, tu sais. J’ai juste rien avalé depuis ce midi.
Il rit de nervosité, parce que c’est vrai. En dehors de vouloir célébrer la guérison d’Avis, son travail est très physique et ils ont rushé la dernière heure. Il a vraiment juste faim. Et envie d’être avec lui.
-Ça n’a pas besoin d’être parfait.
Il hausse une épaule.
-Ça a juste besoin d’être toi.
Il continue de s’accrocher à son regard, même si ça fait accélérer son coeur. Ça faisait partie des choses qu’il veut essayer avec lui – soutenir son regard – et se demande s’il peut lui faire comprendre à quel point il n’a envie de personne d’autre. Qu’il n’y a rien qui lui fasse plus plaisir que son invitation de dernière minute. Que grâce à lui, ce n’est plus difficile de rompre la distance entre eux. Il s’en sent même le droit.
Alors Kallen avance jusqu’à ce que leurs vêtements se touchent et que le froissement envoie une agréable décharge se répandre dans son corps. Il prend son visage entre ses mains et ferme les yeux pour presser lentement sa bouche contre ses lèvres. Il s’en veut, en vérité. D’avoir pensé à son estomac alors qu’ils ont attendu si longtemps qu’Avis se rétablisse. C’en est presque devenu une habitude ces derniers temps lorsqu’ils se voyaient, mais ils n’ont plus à se retenir à présent.
Le châtain relâche la pression des deux dernières semaines dans un soupir. Ce qu’il a pu avoir envie de l’embrasser... Il s’en est rendu compte il y a deux minutes, mais il a mal mesuré l’impact de l’accumulation. N’a sans doute pas bien intégré qu’ils sont enfin seuls. Ce n’est pas un élan de confiance, c’en est un de liberté. Il peut l’embrasser, alors il prolonge le baiser jusqu’à en perdre haleine. Affamé de lui, qui chamboule sa vie depuis des semaines.
Le regard est vissé au sol quelques secondes puis se relève. Trouve le sien. S’y accroche malgré la lueur inquiète qui y brille. Bien loin de ses premiers pas près des siens. Bien loin de la confiance dont il semblait déborder de prime abord - c’est vrai, il l’était. Tant que ça n’avait pas l’air de compter. Tant qu’il s’en fichait de tout foirer. Mais elle est là la réalité. Il est un enfant abandonné par sa mère. Mis de côté par son père. Il est un enfant qui a dû se construire seul et protéger son frère avant lui-même et il n’est pas courageux Avis. Il fait juste semblant. Et il est tellement cabossé.
Bien loin d’être parfait.
“Ce sont des apparences tout ça, l’appartement bien rangé, le corps apprêté mais moi je suis…”
Tellement plein de trous et de vide. Tellement plein d’émotions dans tous les sens, pas toujours belles à voir. Tellement plein de violence. Tellement plein d’erreurs.
“Kallen je suis tellement…”
Avis Green est un désastre. Une catastrophe ambulante. Lâche. De ne même pas finir ses phrases.
De préférer s’abandonner contre les lèvres qui trouvent les siennes. De s’y oublier et d’oublier ce qu’il disait - oh ça l’arrange bien. Mais son corps répond au sien comme par instinct et sa main se pose sur sa nuque. Glisse sur le visage qu’il caresse si doucement. Alors même que le baiser s’accélère.
Un frisson le long de son dos. Leurs lèvres qui se séparent quand le souffle vient à manquer.
“Il y a des muffins et des cookies.”
Soufflé. Comme s’il pouvait oublier.
Alors que ses doigts caressent toujours. Que ses yeux se rouvrent. Qu’il blottit son regard dans le sien.
Avis Green est un désastre. Une magnifique catastrophe. Qui essaye et fait de son mieux. Attentionné. Aussi doux qu’il peut être brutal.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Lun 9 Sep - 19:30
Superache
Des apparences ? C’est vrai qu’elles n’ont jamais semblé importer à Avis, mais est-ce bien vrai ? N’a-t-il pas pris le temps de les faire, ces muffins ? De choisir les fruits ? De fermer la porte du garage par peur qu’Ashley les surprenne ? D’exiger du temps aussi, au nom de ce que les autres pourraient penser ? De ce qu’il est prêt à accepter.
Ne les a-t-il pas trouvé impressionnantes la première fois, ses cicatrices ?
Kallen se raccroche à cette pensée au lieu de laisser Avis finir les siennes. Il en a assez, de la peur. Pas ce soir. Il a l’impression qu’elle prend du recul quand une main se pose sur sa nuque, et en soupire de soulagement lorsqu’au lieu de le repousser comme ses mots ont pu le faire, elle se décale pour lui caresser la joue. Il essaie de ne pas penser à ce qu’Avis dira lorsque leurs lèvres se sépareront, pourtant l’incertitude traverse son regard lorsqu’elles le font.
-C’est du dessert.
Ou un petit-déjeuner, à la limite.
-Je meurs de faim, Avis. Se plaint-il à demi-voix.
Il n’ose plus s’approcher des steaks. Son aisance aussi a pris du recul et il n’a pas le cœur à se soustraire à la douceur des doigts sur son visage. Ils l’apaisent, lui permettent de s’oublier un peu dans son regard. Ce gris qu’il a tant évité par crainte de se trahir s’il s’y attardait, comme s’il savait qu’il allait s’y noyer s’il osait, et que de ces flots-là, il n’en ressortirait pas. Il se sent s’y enliser pendant qu’au salon, le silence annonce la fin de la platine, signe qu’Avis prépare son arrivée depuis un bon bout de temps, avant même de savoir s’il allait venir. Le brun a toujours été attentionné avec lui.
-On la remet ?
Un sourire étire le coin de ses lèvres sans qu’il ne bouge, les mains toujours pressées contre son cou.
“La dent sucrée des Green, tu te souviens ?” Un sourire taquin sur le coin des lèvres. “On pourrait se nourrir uniquement de ça.”
Ils le font souvent. S’avaler des tartines à la confiture et un chocolat chaud en guise de dîner. Se remplir le ventre de pancakes quand ça ne va pas, quand rien d’autre ne semble pouvoir passer. Noyer leurs problèmes dans le sucre en sachant que ça n’arrangera rien. Simplement parce que c’est réconfortant.
“Prépare-toi quelque chose. Je peux pas te laisser mourir de faim sous mon toit.”
Pas pour moi, il semble dire. Les muffins et les cookies lui suffisent pour retrouver son courage. Pour retrouver sa joie et ses sourires. Du sucre et du Queen. Qu’il faut aller remettre.
“Oui.”
Mais il ne bouge pas. Lové dans son regard. Blotti dans sa chaleur.
Se hisse sur ses pieds une fois de plus pour lui voler un baiser. Quelques secondes de plus grappillées parce qu’il n’a jamais aimé être raisonnable. Avant de se détacher pour filer vers la platine où il remet le bras mécanique au début. Et puis les premières notes qui s’élèvent alors qu’un sourire perce sur ses lèvres. Avis retourne vers la cuisine. Ouvre le placard des alcools et sert deux verres de rhum brun. Attrape le sien pour virevolter avec quelques pas plus loin.
Une gorgée avalée. Juste à temps, comme un timing parfaitement connu.
“Empty spaces, what are we living for? Abandoned places, I guess we know the score, on and on, does anybody know what we are looking for?”
Il y a autre chose que le sucre de sacré chez les Green et c’est Queen. Pour les deux frères en tout cas. Ils avaient plus d’une fois transformé l’appartement en salle de karaoké. Et au grand damn d’Ashley, il avait toujours eu la meilleure voix.
“Hooold the line, does anybody want to take it anymooore?” Il se rend à peine compte de ses yeux qui se ferment à l’arrivée du refrain. “The show must go oooooon, the show must go ooooooon, yeah, inside my heart is breaking, my makeup may be flaaaaaking but my smile, still, stays oooon”
Toujours eu cette façon de se plonger corps et âme dans la musique et dans les mots. Comme un reflet parfait de sa vie. Des années passées. De ses sourires même quand il n’en a plus envie. Même quand il voudrait tout quitter. Tout lâcher. Une gorgée de rhum avalée. Les mots qui coulent comme l’ambre au creux de sa gorge.
“Whatever happens, I'll leave it all to chance, another heartache, another failed romance, oooon and oooon”
Ne se rend pas compte non plus de quand les yeux se rouvrent. Cherchent ceux de Kallen un peu plus loin alors qu’il continue de chanter. Est-ce qu’il peut les entendre les secrets qu’il voudrait crier ?
“Outside the dawn is breaking but inside in the dark I'm aching to be free.”
Oh comme il l’a souhaité. Un jour, peut-être qu’il le sera. Ou peut-être jamais.
Les yeux se ferment de nouveau. Le talon frappe le sol avec la musique qui s’emballe. Le bras monte et c’est un miracle si l’ambre ne se répand pas au sol. Un miracle au milieu d’un magnifique désastre. Avis voudrait les chanter ses secrets. Ses peurs. Ses violences. Avis voudrait qu’il les comprenne et qu’il les entende.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Mar 10 Sep - 21:55
Superache
Pendant un moment, tout semble reprendre un cours normal. L’angoisse d’Avis disparaît derrière son sourire et Kallen y croit. L’illusion est parfaite, ponctuée d’un baiser sur ses lèvres. Il n’y voit que du feu et, la catastrophe évitée, s’en retourne vers l’îlot. Les notes familières ne tardent pas à s’élever du salon et pendant qu’Avis leur remplit deux verres de rhum, il remplit la casserole d’eau pour les pâtes.
C’est qu’il en a souvent rêvé de cette normalité, Kallen. Vouloir être comme les autres, au lieu d’expliquer pourquoi il n’a pas de mère. Pourquoi il n’a pas de copine. Un jour, il a eu quelque chose que les autres n’avaient pas – ses cicatrices. Il ne pense pas demander beaucoup pourtant, et l’espace d’un court instant, il croit s’en rapprocher. Avis avale une gorgée et se met à danser. À chanter. Il est beau, vêtu de noir des pieds à la tête, à tourner au milieu du salon. À s’abandonner à la musique. Son corps se plie au rythme, pivote, tournoie, emmenant ses boucles brunes à défier la gravité.
The show must go ooooooon, yeah Kallen sourit. Inside my heart is breaking Il frissonne. My makeup may be flaaaaaking but my smile, still, stays oooon Son visage tombe. Whatever happens, I'll leave it all to chance Non… Another heartache, another failed romance L’écho des paroles lui broie les tripes.
Il est en train de le perdre. Avis rouvre les yeux et la réalisation lui glace le sang. Lui coupe l’appétit. Après quel genre de rêve est-il en train de courir comme un imbécile ? Il a pris un mauvais tournant quelque part, autrement il serait en train de danser avec lui. Le décalage le heurte de plein fouet comme les notes montent en crescendo.
Fairy tales of yesterday, grow but never die I can flyyyyy, my friends
Il le rejoint en trois enjambées. Boit le reste du verre qu’il lui prend des mains d’une traite et le pousse sur le canapé. Le cristal tombe sur les coussins alors qu’il s’impose sur ses cuisses et s’empare de ses lèvres.
-Je t’entends. Qu’il souffle, comme s’il voulait le crier. Je t’entends, Ave. J’ai été con, pardon. Les mains dans son cou, effleurant l’oreille du brun où la boucle verte au contour doré lui renvoie son reflet d’un clin d'œil. Le châtain ramène son regard au fond de la tempête. I'll face it with a grin. Un baiser, comme une promesse. I'm never giving in.
Kallen en a fini, de la prudence. Il ne sait même pas quand elle s’est invitée à bord. Au moment où ça a commencé à compter ? Ils ont peut-être ce point-là en commun. Cette trouille affreuse de perdre ce qu’ils ne pensent pas être digne d’eux. Mais Kallen a réussi à la repousser. Pour combien de temps, il n’en a pas la moindre idée. Il s’en fout. Ses doigts caressent la nuque d’Avis et rien ne lui paraît plus important que cette peau. Rien, sinon la douceur des boucles fugueuses sur ses jointures.
Et les paroles glissent entre ses lèvres sans même qu’il n’ait à réfléchir. Un chant d’agonie. Le sien. Celui de Mercury. Et Kallen qui reste si loin. Inatteignable.
The show must go on - yeah la voix qui se déchire un peu. Qui se reprend aussitôt. Qui continue et qui vacille de nouveau pourtant quand il l’entend s’approcher malgré la musique dans laquelle il est plongé. Toujours. Comme un instinct. Un instinct de lui. Les paupières se soulèvent de nouveau. Juste à temps pour le voir tout près de lui (son cœur loupe un battement). Juste à temps pour le voir prendre son verre. Le finir d’une traite et l’incompréhension cueille un instant le regard gris.
Il n’a pas le temps de questionner. Pas le temps de lutter.
La force de Kallen le repousse sur le canapé et d’un seul coup il est partout. Assis sur ses cuisses. Conquérant ses lèvres et Avis les lui offre sans résistance. Tremble un peu soudain des mots qu’il entend et ses doigts attrapent le pull devant lui. S’y accrochent et ne lâcheront plus. Alors que l’autre main se glisse sur la joue. Sur la nuque. Trouve sa place toujours si facilement. Le regard anthracite lové dans les paillettes de mousse et d’or.
J’ai peur de te perdre, voudrait souffler. Je vais te perdre, voudrait pleurer.
“Tu es tellement beau.” Murmure contre lui.
En embrassant ses lèvres. Sa joue. La cicatrice qui le déchire. En souriant doucement contre ses lèvres quand il s’y presse de nouveau. Il ne lâche pas son pull. Mais l’autre main quitte la nuque et glisse lentement le long du dos. Trouve la frontière où elle peut sentir la peau. Se glisser mais pas trop loin. Pas trop haut - pas sans autorisation.
“Tellement parfait.”
Soufflé si bas le temps d’un souffle. Et les lèvres dérivent de nouveau. Se glissent sur la mâchoire qu’il parcourt de baisers. Sur la naissance de la gorge qu’il voudrait goûter de la pointe de la langue. Du bout des dents. Inspire son odeur. Tire un peu sur le pull pour le rapprocher parce qu’il déteste qu’il ait été si loin. Parce qu’il a cru, quelques instants, qu’il ne pourrait plus jamais le rejoindre.
Tu me manques quand t’es pas là. Tu me manques quand t’es trop loin. Tu me manques quand je ne sais pas comment te rejoindre.
Laisse son souffle parcourir la gorge en sens inverse jusqu’à ses lèvres dont il s’empare de nouveau. Plus fort.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Jeu 12 Sep - 0:45
Superache
Ce n’est pas que la distance qu’il réduit, c’est aussi le fossé qu’il traverse. La poigne d’Avis sur son pull, l’abandon de ses lèvres sur les siennes. Il fait quelque chose de bien, il le sent. Les doigts remontent sa joue et il en frissonne. Il pourrait presque les voir danser au fond de ses yeux, ces démons qu’il refuse de nommer. C’est une lueur qui lui est familière, contrairement au reste de la situation. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’il lui dit qu’il est beau, mais ce soir il a l’impression que c’est vrai.
Ses yeux se ferment et ils s’embrassent. La chaleur du rhum se répand dans ses veines. Si seulement il n’y avait qu’elle, mais les lèvres d’Avis parcourent son visage et ça lui paraît si intime. Ce l’est, car personne n’a jamais promené sa bouche sur la cicatrice qui traverse son nez. Le geste arrache un battement à son cœur et il croit imploser lorsque le brun ramène un sourire contre ses lèvres. Leur souffle se mêle et Kallen n’entend plus la musique. Avis occupe tous ses sens et il n’a pas peur lorsque la main se faufile sous son haut. Le terrain est connu, même si la caresse hérisse une chair de poule sur sa peau.
Le compliment suivant, il s’apprête à le contester, mais c’est un autre son qu’il laisse échapper et les baisers d’Avis ont raison sur son argumentation. Il essaie d’apprivoiser les sensations, celles qu’il reçoit ainsi que celles qu’il perçoit. Des courbes de l’oreille du brun où il coince une mèche rebelle à la manière dont sa respiration s’échoue contre sa tempe. Chaque découverte lui donne envie d’en apprendre davantage et il se permet à son tour de déplacer ses mains sur le haut de son torse. Puis tend le cou au passage des baisers contre sa gorge. Il en soupire encore et descend ses mains jusqu’à sa taille en se laissant attirer contre lui.
Il ignore combien de temps il se perd dans le baiser suivant, seulement qu’il y a remonté le pan de la chemise à un moment. Que la pointe de ses doigts ose un premier contact contre sa peau, suivie des paumes qui s’y appuient plus fermement. C’est si doux qu’un accroc se glisse dans sa respiration. Si chaud que son propre pull commence à être de trop. La pensée le ramène à la barrière qu’ils n’ont jamais franchie, cette ligne invisible qu’Avis se retient de traverser au-dessus de ses reins. L’appréhension s’agite lentement sous sa poitrine. Il rompt le baiser pour retrouver son regard.
-Je te promets de te raconter, juste… Pas ce soir, ok ?
Kallen n’arrive pas à se dérober à la paire d’anthracites rivés sur lui. Ne réalise pas qu’il retient sa respiration en mobilisant son énergie sur une seule chose : lui faire confiance.
-Elles ne me font pas mal, je les ai depuis longtemps.
Ça, il peut le dire. Tout comme remonter ses bras pour lui laisser plus de latitude de mouvement.
-Il y a juste celle au-dessus de mon flanc gauche qui est restée sensible, je sais pas pourquoi. Je crois qu’elle est plus profonde que les autres, elle a mis plus de temps à guérir.
Il se rappelle vaguement une histoire de coup de chance pour son poumon. À l’époque, il lui avait plutôt semblé que la chance n’avait pas été de son côté et les explications ne l’avaient pas intéressé. Il se souvient néanmoins avoir beaucoup dormi du côté droit.
Mais tu n’es pas obligé d’y toucher, si tu ne veux pas.
Ça, il ne le dit pas. Parce que pour la première fois depuis très longtemps, Kallen a vraiment, vraiment, envie d’être brave.
Son cœur loupe un battement. Un soupir lui échappe. Le corps se tend instinctivement vers les doigts, vers les paumes.. Vers sa chaleur et sa douceur.
Mais Kallen s’arrête. Ses mots le ramènent et les yeux se rouvrent. L’anthracite peut-être un peu fiévreux du contact. Il y a une seconde d’incompréhension pourtant. Il lui promet de lui raconter et Avis se souvient d’un coup de ses mains laissées à la frontière du haut. Remarque qu’il y a enfoncé les doigts, au creux de la peau, en sentant les siens sur son ventre.
Les relâche légèrement en le laissant continuer. Le rassurer ? Il n’a pas peur de faire mal, Avis.
Il se doute qu’elles sont là depuis un moment, si elles sont semblables à celles sur son visage. Alors lui aussi il espère le rassurer.
“Il n’y a pas besoin que ce soit ce soir.”
Ni demain. Jamais si c’est ce que tu veux.
Il ne le dit pas mais il espère que ses yeux le font à sa place. Et ils sont lovés dans les siens. Dénués de dégoût. Dénués de pitié. Impressionnante, ta cicatrice il avait eu l’audace de lui dire le soir où ils se sont rencontrés.
Il le pense toujours. Mais il pense aussi à combien Kallen est impressionnant. Évite de penser à combien il ne se sent pas à la hauteur.
“Tu es tellement beau.” Il répète.
Parce qu’il aimerait qu’il le comprenne. À quel point il est beau. À quel point il lui plaît. Avec ses yeux d’or et de mousse. Avec ses cheveux indisciplinés. Avec ses cicatrices. Lui aussi il en a. Elles sont simplement perdues au milieu des tatouages. Moins impressionnantes, certainement, mais elles ne l’ont jamais dérangées. Ça ne commencera pas avec celles de Kallen. Alors il y dépose de nouveau un baiser, sur celle qui barre le nez. Sur celle qui déchire la mâchoire. Attrape doucement le pull et le t-shirt en dessous et les remonte lentement.
“Regarde-moi, Alaska.” Soufflé si doucement. “Je te jure qu’une fois ce haut retiré, je continuerai de te trouver magnifique. Parce que c’est la vérité. Et parce qu’elles sont la preuve que quoi que tu aies traversé, tu y as survécu.”
Les tissus glissent le long de la peau et quand ils passent enfin au dessus de la tête, Avis écrase de nouveau ses lèvres contre les siennes. Écrase ses pensées, il espère. Les doigts glissés dans ses cheveux un instant. Et l’autre, qui glissent lentement sur sa nuque. Sur les épaules. Explorent lentement et il ne rompt le baiser qu’à cet instant. Pour ancrer leurs regards de nouveau et lui montrer. Que dans ses yeux ne brille rien de plus qu’avant. La même confiance. La même tendresse. Le même amour.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Dim 15 Sep - 17:45
Superache
Avis accepte si naturellement que les explications ne soient pas ce soir qu’il semble avoir oublié qu’il les lui a un jour demandées. Elles n’ont plus la même importance et ça ne devrait peut-être pas lui plaire autant, mais Kallen adore ça. Quelque chose a changé au cours des dernières semaines, quand et comment il ne pourrait pas le dire, mais il l’accepte – l’entend – en hochant doucement la tête.
Ça ne suffit toutefois pas à Avis. Ne semble pas assez. Le brun lui répète à quel point il le trouve beau et Kallen se sent soudain plus vulnérable. Atteignable. Ça l’ébranle. L’émotion perce son regard, aussi criante que cette nuit-là sur la plage, mais si différente à la fois. Le visage d’Avis se rapproche et il dépose un baiser sur son nez. Les yeux de Kallen se ferment tandis que les lèvres se déplacent sur sa mâchoire, et il se sent comme l’un de ces vases japonais qu’on répare avec de l’or.
Son pouls bat si fort contre ses tempes, pourtant le murmure d’Avis lui parvient avec une netteté incomparable et il ne lui vient même pas à l’idée de ne pas le regarder quand il le lui demande. Il écoute chaque parole et voudrait lui répondre qu’il s’en sort toujours, mais ne le voit pas toujours d’un bon œil. Que parfois, il aurait voulu disparaître dans le creux des flots. S’endormir dans les eaux glacées au lieu de se réveiller en sueurs froides au milieu de la nuit, mais ses vêtements tombent au sol et Avis plaque un baiser sur ses lèvres. Une main se glisse dans ses cheveux et ses pensées se vident.
Kallen soupire. Ses doigts jouent avec le tissu de la chemise, caressent le haut des pectoraux, et il ouvre instinctivement les yeux à la fin du baiser. Se fige un peu quand les mains descendent sur ses épaules, mais ne dit rien. Il laisse Avis rencontrer le premier relief sur son omoplate. Frissonne, car il ne le sent pas curieux, ni même hésitant. C’est comme s’il cherchait à l’apprendre par cœur. Aucune surprise ne marque ses traits, pas même une once d’indignation pour ce qu’il a pu subir. Avis Green n’a que de la tendresse pour chacune de ses cicatrices, et Kallen n’arrive pas à y croire. Il ne sait pas non plus comment il arrive à gérer les quelques larmes sur son visage. Peut-être parce qu’il se dit qu’Avis les acceptera, comme tout le reste. Qu’elles auront simplement le droit d’exister, de la même manière qu’ils s’en donnent petit à petit le droit.
Quand les mains arrivent à la fin des marques, le châtain se raccroche à la clarté de son regard un dernier instant avant d’approcher sa bouche et de prendre ses lèvres une à une. L’embrasser si lentement qu’il s’en donne lui-même le tournis, et si profondément qu’il retrouve un peu de rhum sur sa langue. Son coeur en rate un battement, mais il ne s’arrête pas pour autant. Toujours sur le torse du brun, ses doigts se dirigent vers les boutons qu’il défait un à un. Il écarte ensuite le tissu, mais plus que le découvrir, il veut le sentir. La chaleur de sa peau. Sa présence.
-Ça peut être que toi, Ave.
Il lui retire sa chemise et se presse contre lui. Rencontre sa peau comme on respire. Passe ses bras autour de son cou et lâche à même ses lèvres.
Avis l’explore sans jamais hésiter. Avec force. Avec douceur. Avec lenteur et patience.
Avis l’explore. Le cartographie. Imprime chaque morceau de lui au fond de son âme en espérant qu’il ne les oubliera jamais. Chaque muscle. Chaque cicatrice. Chaque courbe. Chacune des constellations étalées sur sa peau. Chaque larme qui s’écoule et qu’il embrasse avec tendresse. En récolte la froideur sur ses lèvres. En cueille le goût sur sa langue. Le partage dans le baiser quand Kallen l’initie et c’est si lent qu’il en frissonne. Si profond ensuite qu’il se tire vers lui. L’attire à lui. Il ne sait plus vraiment.
Il sait juste que les doigts de Kallen déboutonnent sa chemise. Il sait juste qu’il ne maîtrise plus les battements au creux de sa poitrine. Il sait juste que son souffle s’affole quand il entend les mots.
Que ses bras se serrent autour de lui et que ses lèvres répondent aux siennes avant même qu’il n’en ait l’idée. Que ses dents mordillent sa lèvre. S’y arrachent pour accrocher le contour de sa mâchoire (le mordiller encore).
“Est-ce que tu as toujours faim ?” murmure contre lui.
Il les a oubliés, lui, les muffins et les cookies. Il les a oubliés et il ne veut que lui.
Sa peau appelle la sienne tellement fort. Ses mains glissent déjà de nouveau sur lui, courent sur ses côtes, descendent sur son ventre et déboutonnent le pantalon. Ils peuvent perdre la raison, maintenant, non ? Ils ont le droit et Avis ne compte pas lutter longtemps. Mordille encore la mâchoire. Le lobe de l’oreille où brille la pierre jumelle.
“J’ai un lit deux places. Un sourire en coin sur ses lèvres. Les draps sont propres, il n’attend que nous. Une seconde morsure sur le lobe. Sinon j’ai une douche mais elle peut attendre demain.”
Oh, Avis pourrait presque avoir l’air de ronronner.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Sam 28 Sep - 21:10
Superache
Il pourrait s’en vouloir de laisser les larmes couler. En être gêné, comme une faiblesse, mais il a l’habitude. Quand tout lui monte à la gorge, c’est comme ça qu’il évacue les émotions. Kallen n’a d’ailleurs jamais été très bon pour les identifier, il sait seulement qu’Avis en est le centre et que le sentir récupérer chaque larme du bout des lèvres ou de la langue lui paraît aussi intime que les mains dans son dos.
C’est meilleur que le rhum. Meilleur que tout ce qu’il a connu. Ils sont si près qu’il perçoit le moindre frisson du corps sous le sien. Leur souffle se perd, leurs lèvres se retrouvent et la chaleur augmente au fur et à mesure qu’ils se touchent. Le châtain soupire sous les mordillements et un sourire se dessine doucement au coin de ses lèvres lorsque les dents d’Avis quittent sa bouche pour sa mâchoire. Il découvre qu’il est chatouilleux près du cou, mais la sensation disparaît assez vite lorsque la voix du brun s’échoue contre sa peau.
-Tu crois vraiment que j’ai envie de manger, là ?
La question lui semble absurde, encore plus lorsque les doigts d’Avis glissent de ses côtes à l’attache de son pantalon. Le bouton cède au moment où il prend conscience de l’étroitesse de son jean et son cœur s’affole. Sa lèvre se coince entre ses dents tandis que celles du brun emprisonnent son lobe d’oreille.
Il frémit des mots qu’il entend. Des implications. Comme si Avis savait qu’une fois ne suffirait pas. Qu’il avait déjà décidé que Kallen passerait la nuit chez lui. Il l’entend en sourire, l’air ravi, et le châtain ne trouve qu’une chose à lui répondre après le bruit rauque qui échappe à sa gorge lorsqu’il le mord une seconde fois.
-Oui, demain la douche… Il le serre plus fort et se surprend à le suivre dans son jeu. À sourire dans un murmure.Tu nous emmènes jusqu’au lit ?
Il n’est pas sûr de supporter qu’ils s’éloignent, il veut rester contre lui, prêt à nouer ses jambes à sa taille – en rêve même, un peu. Être soulevé jusqu’à la chambre et ne penser qu’à eux pour les prochaines heures. C’est presque étrange qu’il s’en sente capable, mais c’est peut-être ça aussi, faire confiance.