Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Sam 1 Oct - 20:10
Stitches
De tous les froids, Kallen ne redoute pas celui qu’il peut jeter sur la passion du moment, mais celui du départ d’Avis. Qu’il reparte en claquant la porte ou au milieu de la nuit. Il a besoin de vérifier que ça ne sera pas le cas et qu’il ne se fait pas d’illusions sur ce qui se passe entre eux. Pendant un instant il se demande pourtant s’il a entendu. Sa tempe se presse contre la sienne et le prénom du brun s’échappe de ses lèvres en une interrogation inquiète contre son oreille.
Le visage d’Avis se redresse et à la peur du châtain se mêle une affolante stupéfaction. La lumière en provenance de sa table de nuit cherche à percer le rideau de boucles brunes penchées sur lui. Le temps semble se suspendre et la vision gagner en netteté alors que leurs souffles se mélangent. S’il craignait de croiser un regard aux sourcils froncés à sa question, son cœur se délie d’y trouver autant de douceur. Sans le quitter des yeux, Avis se rapproche et Kallen aperçoit la rougeur sur ses joues à travers la pénombre. Plusieurs mèches sombres glissent sur son visage et le châtain n’ose plus bouger.
Quand Avis parle enfin, son cœur accélère. Frémissant du passage de ses lèvres sur les siennes, il l’entend bondir dans sa poitrine à la promesse qu’il lui fait ensuite, et pour ce soir, c’est suffisant. Alors quand le brun se penche pour l’embrasser, ses bras raffermissent leur étreinte autour de lui et il n’hésite pas un instant à lui rendre son baiser. Incapable de ne pas y glisser un sourire et d’en rire d’un soulagement nerveux lorsque sa lèvre inférieure se retrouve prisonnière des dents du brun. Son corps recommence à se laisser aller et une main remonte dans la chevelure d’Avis. Son geste lui cause un frisson et il soupire du baiser contre son cou. Ses paupières s’abaissent sans qu’il n’y pense et il sent les mains soulever son haut sans le retirer, ni même tenter.
Kallen en ressent un élan de reconnaissance qu’il tente de transmettre d’une caresse dans ses cheveux avant qu’il n’ouvre les yeux sur la tête qui s’éloigne. Le châtain se hisse sur les coudes pour mieux voir, la bouche de son partenaire lui enflammant le bas-ventre en s’y déposant. Sa gorge s’assèche des dents qui s’en prennent à la peau si près de son boxer et sa respiration en devient plus rauque. Avis relève et plonge ses iris assombris et brûlants au fond de son regard qui les soutient avec une intensité folle. Est-ce qu’il lui demande la permission ? À voix basse, Kallen s’entend murmurer.
-Je te fais confiance…
Quoi qu’Avis ait en tête, il ne compte pas se rétracter. Plus que ça, il a envie de savoir.
Ce sont quatre mots seulement. Quatre minuscules mots qui lui font l’effet d’une bombe dans son estomac. Kallen ravage tout en lui avec quatre simple mots et Avis se dit qu’il va s’écrouler. Ou se jeter sur sa bouche, au choix.
Ce n’est pourtant pas le cas mais quelque chose traverse son regard. Comme une blessure qui se referme. Une plaie qu’il panse.
Alors même si ça le terrifie, parce que c’est Kallen et que l’Anglais n’a jamais eu aussi peur de faire tout foirer, il se jette à l’eau.
Un frisson court sur son échine quand il dépose lentement les lèvres contre le tissu fin. Quand il reprend son exploration avec douceur. Découvrant avec sa bouche à travers cette dernière frontière, de baisers en baisers qui dérivent vers la cuisse musclée contre laquelle il laisse son souffle affolé se fracasser. Il caresse la peau fine de la pointe de la langue. De gentils coups de dents. Fermant les yeux alors que son propre corps s'embrase encore.
Il va crever, il pense. Crever d'envie et de désir. Crever de ce qui se glisse dans ses veines en clamant que cet homme est le sien.
Il se rend à peine compte de ses mains qui descendent pour la seconde fois le boxer qui le couvre. Grognant simplement lorsqu'il le prive, la moitié d'une seconde, du contact avec sa peau. Il l'en débarrasse et il entend le tissu s'échouer au pied du lit. Emballant son cœur davantage, ou peut-être que c'est le fait que sa bouche vogue de nouveau vers son bas ventre qui l'affole.
Il croit crever vraiment quand ses lèvres caressent son membre sur toute sa longueur. Puis encore plus quand il recommence avec sa langue. Une dernière fois quand il rouvre les yeux pour regarder Kallen. Sa main vient chercher la sienne et il s’y accroche pour ne pas se noyer encore. Dans le vert de son regard. Sur cette pierre à son oreille. Dans ces sensations qui le traversent comme il ne les a jamais connues avant.
Son cœur n’a jamais tapé aussi fort dans sa poitrine.
Il serre trop fort les doigts entre les siens alors que sa bouche revient explorer le sexe du châtain plusieurs secondes. Avant qu’il ne retrace le chemin en sens inverse pour revenir à ses lèvres qu’il capture longuement malgré sa respiration bien trop courte.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Mar 15 Nov - 20:10
Stitches
Avis ne dit rien, mais la manière dont il le regarde suffit à expliquer une partie de sa réaction lorsqu’il lui a demandé de lui faire confiance. Il y a quelque chose derrière cette émotion soudain apaisée et Kallen aimerait en savoir plus, seulement le moment est mal choisi. Les lèvres du brun se pressent à la lisière de son boxer et le froissement du tissu contre sa bouche l’oblige à reprendre appui sur ses deux coudes tant le frisson qui le secoue est grand. Son souffle s’emballe au fur et à mesure que le visage d’Avis descend et le châtain ne saurait dire ce qui lui fait le plus d’effet entre les baisers qu’il trace jusqu’à sa cuisse et la vision qu’il offre ainsi glissé entre ses jambes. Tout est si lent et si doux que c’en est presque un supplice, pourtant il n’y changerait rien.
Ses propres lèvres esquissent un mince sourire lorsque les boucles du brun viennent caresser sa peau. Puis c’est à sa respiration de subir un rude accroc quand sa langue s’y presse à son tour. La surprise envoie un coup d’adrénaline dans ses veines et malgré le confort habituel de son sous-vêtement, celui-ci commence à devenir gênant. Le souffle chaud entre ses cuisses est en train d’user sa patience, plus encore lorsque les mordillements le font tressaillir. Ça en devient presque un réflexe de soulever ses hanches au moment où les mains d’Avis tirent sur son boxer, et si son cœur accélère à l’entendre gronder de frustration, il palpite d’anticipation en comprenant où il se dirige.
La torture est bien réelle cette fois, et incroyablement douce. Un long frisson recouvre la surface de son épiderme pendant qu’un gémissement incontrôlé s’échappe de sa gorge. Dire qu’il lui fait de l’effet serait bien peu dire. Le visage d’Avis se redresse et les joues du châtain s’enflamment. De gêne, un peu. D’excitation, beaucoup. Il a l’impression d’être transpercé par ces yeux aux couleurs de l’éclair et trouve juste assez de présence d’esprit pour refermer ses doigts autour des siens. Il voudrait l’attirer vers lui, mais les attentions du brun reprennent et Kallen lâche un lourd soupir au retour des lèvres sur son érection, troublé du soin mis dans chaque contact. Il y a quelque chose de déroutant dans cette tendresse qu’il n’est pas sûr de mériter, incapable pourtant de la refuser. Ni de réprimer le sourire qui revient éclairer son visage à l’approche de celui d’Avis, scellant leurs lèvres dans un baiser qu’il lui rend sans attendre.
-Je crois que ta commotion est contagieuse, Green.
Son rire résonne tout bas entre eux alors qu’il prend son visage entre ses mains pour l’embrasser à son tour. Kallen a la tête qui tourne, le cœur à l’envers, pourtant jamais son monde ne lui a paru si droit. Il rouvre les yeux et il aime être si près. N’avoir que son visage comme champ de vision. Partager le même air alors que ses poumons brûlent du peu d’espace pour respirer. Ses mains glissent lentement vers son cou avec la même curiosité mêlée d’envie qu’un peu plus tôt dans son boxer. Le châtain ne le lâche pas des yeux et poursuit ses caresses sur son torse, le souffle si court qu’il en tremble. Nerveux. Ses lèvres se rapprochent et il joue avec celles d’Avis, comme pour l’empêcher de se mordre celle du bas au moment où il l’attrape par la taille en ondulant contre lui.
Une vague de chaleur lui incendie les reins et il le renverse sur le lit en plaquant sa bouche sur la sienne, étouffant à moitié le gémissement qui se faufile entre ses lèvres alors qu’il cherche à approfondir le baiser. Son corps bascule sur le côté et Kallen soupire en le ramenant contre lui. Le toucher est si intoxicant qu’il plonge une main dans ses cheveux et frissonne de l’odeur qui envahit ses narines. Il peine à articuler son prénom et n’est plus sûr de pourquoi il le fait quand leurs bassins se rencontrent. Cet homme va le rendre fou, pense-t-il en expirant contre ses lèvres.
-J’ai envie de toi, mais je n’ai rien ici pour le faire. Toi ?
Il revient trouver et sonder son regard non sans effleurer sa tempe du bout des doigts.
Kallen l’explore avec ses doigts comme il l’a fait avec sa bouche, de cette curiosité tendre et il embrase ses sens. Si bien qu’Avis doit se retenir d’attraper sa cuisse pour l’enrouler autour de ses hanches, pour lier leurs bassins encore un peu plus étroitement. Son souffle est en miettes quand le châtain emprisonne sa taille et accentue le contact entre eux. Il croit qu’il va s’écrouler mais il n’en a pas le temps.
Kallen le renverse et il gémit.
De cette sensation qui lui brûle les reins. De frustration de ne pas avoir le temps de passer ses jambes autour de lui.
De sentir sa vision qui se brouille et la terre tout autour qui tourne, le temps d’un instant où il s’accroche de toutes ses forces au t-shirt de cet homme pour ne pas le perdre encore. Le corps tremblant de plaisir et de désir alors qu’il gémit encore lorsqu’il sent ses doigts se perdre dans ses boucles épaisses. Son bassin étreindre le sien.
Il a serré encore plus fort ses doigts sur le haut quand son prénom s’est glissé sur les lèvres de Kallen. Il les effleure des siennes, juste assez pour sentir leur chaleur et imaginer ce baiser qu’ils échangent à peine. Comme une pause bienvenue au milieu du flot de passion qui les dévore, le temps d’une question qui lui fait rouvrir des yeux noircis de plaisir.
“Je ne peux pas...” Il s’étrangle un peu. “Pas avec ma commotion.”
C’est une phrase murmurée à contre-cœur. Sans même être capable de savoir s’il aurait ce qu’il leur faut quelque part dans sa boule de fringues, s’il décidait de se foutre de son état. Fut un temps il aurait certainement eu. Mais il est incapable de dire ce que contiennent ses poches à l’heure actuelle à part une poignée de billets verts récupérée du dernier combat. Tâchée de son sang.
“Mais si tu savais comme j’en ai envie...”
L’aveu est presque douloureux alors que son corps est incapable de mentir. Comme le regard qu’il love dans le sien, ses mains accrochées à lui, ses joues rougies ou son souffle court.
Avis se sent comme un adolescent qui découvre le plaisir d’être étreint par un autre homme et il déteste ça. Il adore ça, en fait. Savoir que Kallen lui fait ressentir tout ça même si les années ont emporté depuis longtemps ses premières fois.
“Tu me rends fou.”
Il frissonne alors que son bassin vient chercher une nouvelle fois le sien.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Jeu 15 Déc - 4:35
Stitches
Avant même d’entendre sa réponse, il le sait. Il l’a senti. Avis ne s’est pas raccroché à lui par désir, ce n’est pas ce genre de grippe, mais le temps qu’il le réalise leurs regards se fondent déjà l’un dans l’autre. La commotion est nommée, malgré tout ils restent là à la regretter en silence, incapables de se séparer. Pourtant Kallen n’est pas déçu, la situation semble le frustrer autant qu’à Avis alors sa main se fait plus douce sur sa tempe. Il laisse aller ses doigts contre son cuir chevelu et se demande s’il essaie de le rassurer ou s’il aime tout bêtement le toucher. Pour sûr, une part de lui adore son contact alors qu’il assimile encore le fait que ce sont ses caresses qui donnent la couleur aux joues du brun.
Ce dernier lui dit qu’il en a pourtant envie, de lui, d’eux, et l’émotion ne laisse aucune place au doute. Ce n’est pas une excuse, Avis est honnête et le châtain s’en sent encore plus en confiance. Son souffle se relâche dans un soupir aussi soulagé qu’excité, les mots ayant un effet à double tranchant sur le désir qui, loin de diminuer, continue de grandir et de se répercuter sur son partenaire. À peine l’entend-il ajouter à quel point il le rend fou que leurs bassins se retrouvent avec empressement. Son front s’échoue contre le sien et ses doigts se referment dans ses cheveux. Il vient gémir contre ses lèvres et les vole pour l’embrasser dans un long frisson. Ses hanches suivent le mouvement et sa main libre vient l’accentuer en se pressant contre ses reins. Il le tient contre lui dans ce lit minuscule et il aime ça. Kallen n’a jamais eu besoin d’un univers très grand.
-Tu me rends fou aussi. Comment ne le pourrait-il pas ? Il n’a pensé qu’à lui ces derniers jours. Ça va si on reste comme ça ?
Il veut s’en assurer. Vérifier qu’ils peuvent continuer sans trop bouger. C’est étrange, la position semble avoir simplement basculé à l’horizontale, pourtant tout a changé. Osant tour à tour ils s’apprivoisent, et les sensations en sont déjà bien différentes. De plus en plus affirmées. Comme si ça avait toujours couvé, et qu’il fallait que ça éclate avant d’aller plus loin. Kallen sait que ça ne sera pas facile, mais ça ne le dérange pas. Quelle relation l’est de toute façon ?
Ses paupières s’abaissent et il plonge ses lèvres dans le cou du brun. Un soupir glisse sur sa peau tandis qu’il ondule une nouvelle fois contre lui, et parce qu’il se rappelle vivement du plaisir de sentir sa langue sur son corps, la sienne entreprend une remontée le long de sa gorge, disparaissant le temps d’un baiser sur son menton avant de reprendre sa course en sens inverse jusqu’au lobe opposé.
-C’était si long cinq jours sans toi…
Il souffle contre son oreille et enfouit son visage dans son cou. Essaie de lui transmettre l’effet de son absence dans les retrouvailles dans leurs corps. L’intensité de chaque déhanchement où il se perd un peu plus. Il entend à nouveau la voix d’Avis évoquer le nombre de choses qu’il veut essayer avec lui et une anticipation fébrile lui noue le ventre. Il repense à ce rêve sous la douche, se revoit dans son appartement en train de le plaquer au frigo. Les images se suivent et s’entremêlent dans sa tête. Il lâche la première syllabe du prénom de son amant, mais l’autre moitié disparaît dans sa respiration trop rapide. Sa main s’extirpe des boucles brunes pour appuyer sur l’une de ses fesses et le maintenir plus fort contre lui. Ils ne font peut-être pas l’amour, mais le châtain est persuadé de ne jamais oublier cette nuit.
Il affirme d’une voix rauque de désir et son bassin donne une longue poussée contre le sien pour confirmer ce qu’il vient de lui dire. Il tremble légèrement du plaisir brut qui lui éclate les reins. Un peu plus fort lorsque le châtain se dirige vers son cou.
Il échappe un gémissement. Rejette la tête en arrière. Juste assez pour lui offrir un peu plus d’espace à dévorer. À découvrir.
Son souffle est de plus en plus court alors qu’il s’accroche de toutes ses forces à son haut. Il ferme les yeux, se mord la lèvre. Gémit encore en réponse aux mots que Kallen murmure contre lui et tire sur le tissu pour le rapprocher un peu plus. Presque pour le fondre en lui.
C’était plus que long, ces cinq jours. Un enfer, selon son esprit embrumé, entre cauchemars, terreurs et regrets.
“J’ai cru...” Son souffle se brise de plaisir. “J’ai cru que j’avais tout fait foirer...” Une main quitte son haut et lui empoigne la nuque. “Je ne sais pas toujours comment m’y prendre, Alaska, mais je vais essayer de faire mieux.”
Il est impulsif, habitué aux cris et aux poings qu’on frappe sur la table. Aux regards d’acier acéré qui vous frappent comme des poignards. Et à toutes les horreurs balancées sans sourciller juste pour essayer de faire mal, et sûrement aussi pour cacher tous ces maux que ne savent pas décrire leurs mots. Il est comme ça et c’est son quotidien, mais si Kallen le veut alors il fera mieux. Mieux que le gamin qui s’est construit tout seul, au milieu du chaos, jusqu’à trouver sa place dans ce monde de fous.
Sa tête tourne un peu avec tout ça mais il s’en fout. Il cherche ses lèvres, les trouve, lui vole un baiser puis un second et encore un, et gémit encore contre sa bouche, laissant ses hanches trouver leur rythme contre les siennes, sans réfléchir. Il lui mord légèrement la lèvre et la jouissance finit par l’emporter. Le laissant haletant, agrippé à lui comme pour ne plus le perdre.
Il ne rouvre pas les yeux tout de suite. Il préfère s’enfouir contre sa gorge et inspirer longuement son odeur, sans se rendre compte qu’il se laisser aller tranquillement à somnoler. Un sourire glissé sur les lèvres. Ses doigts se détendent peu à peu.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Mer 28 Déc - 4:20
Stitches
Il entend moins le ‘ça va’ qu’il ne perçoit la pression contre ses hanches. Brûlante. Enivrante. La chaleur se tord dans son bas-ventre et il se laisse porter par l’élan de plaisir. Le cou d’Avis lui paraît infini et il adore ça, sa gorge vibre sous ses lèvres, entourée d’une cascade de mèches sombres à l’odeur familière. Celle de l’étranger endormi contre son dos à l’arrière de son pick-up le premier soir. La même laissée sur son oreiller à leur deuxième rencontre, identique à celle trouvée sur le sien au hasard de la troisième fois. Il la respire et ses doigts resserrent leur prise. L’émotion accélère son souffle comme il frissonne de la poigne qui se referme sur son t-shirt.
Son bassin se rapproche sans hésiter et l’envie de le retourner sur le dos le démange, mais ils ne peuvent pas alors il ondule avec plus de force contre lui. Le mouvement lui envoie une violente décharge dans les veines, c’est si bon qu’il a du mal à se concentrer sur les paroles d’Avis et n’arrive à y répondre qu’en hochant vaguement de la tête. Il comprend, lui aussi avait cru que c’était fini. Quand il plaque une main sur sa nuque, le geste lui arrache un gémissement sourd tandis que la promesse nourrit l’espoir au fond de sa poitrine affolée. Ils s’embrassent et Kallen essaie de lui transmettre ce que ses mots provoquent en lui. Il y a tant de choses qu’il voudrait lui dire.
L’intensité grimpe d’un cran. Ses nerfs tressaillent du mordillement contre sa lèvre et ils ignorent tous les deux le cri des ressorts sous la cadence effrénée de leurs corps sur le lit. Ils manquent de souffle, mais ils ne s’arrêtent pas. Ils se perdent un peu plus dans les sensations exacerbées par le manque des derniers jours jusqu’à ce que la limite du châtain ne se brise une fraction de seconde avant celle du brun. Ses muscles se crispent et il éclate d’un plaisir qui le submerge comme une vague. Il a à peine conscience de passer ses bras autour de lui pour le serrer et remarque avec un temps de retard la disparition des lèvres sur les siennes au profit d’une lourde respiration dans son cou.
Quand un sourire se dessine contre sa peau, Kallen sent son coeur se gonfler et il n’ose plus bouger. Bientôt, il n’entend plus que le souffle apaisé d’Avis et se demande s’il s’est endormi. Il ne le vérifie cependant pas et demeure immobile, incapable de fermer l’oeil malgré la fatigue. Il le ne veut pas, en fait. Sentir la présence du brun à ses côtés et l’entendre respirer a quelque chose d’étrangement réconfortant. Alors il garde la lampe de sa table de nuit allumée pour continuer de le voir, jusqu’à ce que son esprit dérive une demi-heure plus tard et que le sommeil l’emporte à son tour.
Il ne bouge que pour retirer le bras engourdi sous le poids du corps d’Avis contre lequel il se met pendant la nuit. L’autre demeure sur sa taille tandis que son nez pique lentement au-dessus de ses cheveux. Le retour de sa tante aux premières heures du jour ne suffit pas à le réveiller. Il faut dire que la porte close de sa chambre atténue le bruit des pas, mais la raison principale de son sommeil imperturbé repose encore dans ses draps. Quelques rayons de soleil finissent par se glisser dans la chambre et chatouiller le bout du lit, comme pour ajouter un peu de rêverie à une nuit qui ne voudrait jamais finir.
Il n’est pas certain de ce qui le réveille. Peut-être les pas dans la maison qui s’éveille lentement elle aussi ou la chaleur du soleil qui grimpe doucement sur leurs corps. Ou simplement le sommeil que rien n’est venu troubler, ni insomnies ni cauchemars comme c’était le cas ces derniers jours.
Ça ne lui empêche pas un grognement presque imperceptible alors qu’il se niche dans le creux du cou de Kallen qui dort encore. Pour profiter de cet état un peu léthargique, la tête lourde du coma qu’il quitte à peine alors que la réalité le rattrape doucement. Quelques bruits de la rue se mèlent au souffle régulier du châtain. Le chant d’un oiseau tout près de la fenêtre. La douceur des rayons qui remontent leurs corps assoupis. La chaleur de cette peau contre la sienne.
Il s’écarte légèrement après quelques minutes. Juste assez loin pour pouvoir observer son visage endormi à ses côtés alors que ses jambes se mêlent plus étroitement aux siennes. Il porte une main sur sa joue et dégage délicatement une mèche de cheveux châtains avec laquelle il joue un peu, laisse glisser ses doigts le long des quelques cicatrices qu’il perçoit. Il sent Kallen émerger peu à peu mais continue son chemin le long de la mâchoire, effleure sa bouche.
“Mornin’...” Il murmure dans un sourire. Le regard lové au fond du sien. “Ça m’avait manqué les nuits avec toi.”
Ce n’est pourtant pas comme s’il avait été seul, ces cinq dernières nuits. Ashley avait été là, mais même si la présence de son frère avait toujours eu ce coté rassurant, ça ne serait jamais comparable à ce sentiment là. D’avoir trouvé sa place. Et ce malgré l’état dans lequel ils s’étaient endormis. Leurs peaux collantes et pas seulement de sueur.
“On devrait rallier discrètement la salle de bain, t’en dis quoi ?” Le pouce caressant le coin de la cicatrice au bord de son nez. “J’ai jamais pris de bain avec quelqu’un...”
Il ajoute, les lèvres étirées d’un sourire taquin. Et tant pis si la peur qu’il refuse - et que l’instant se brise - transperce son ventre quand il prononce ces mots. Il a promis d’essayer, même si c’est maladroit. Parce que c’est Kallen et que depuis le début c’est différent même s’il ne comprend pas bien pourquoi le destin a décidé qu’il voulait essayer toutes ces nouvelles choses avec cet homme là.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Mer 28 Déc - 23:46
Stitches
Le sommeil n’est pas une notion constante chez Kallen, et plus souvent qu’autrement, il dort peu, seulement cette nuit n’est pas comme les autres. Il ignore à quoi s’attendre, parfois le moindre bruit le réveille en sursaut, mais sa respiration est encore profonde lorsque le jour se lève. La chaleur de son lit est si confortable que ses jambes se laissent emmêler sans résister. Même la mèche remise en place obtempère en se pliant à la volonté du brun qui s’amuse avec elle. Dans son sommeil, Kallen marmonne en bougeant sur l’oreiller, un froncement de sourcils marquant ses traits au passage des doigts sur une cicatrice, encore trop endormi pour vraiment comprendre ce qui se passe.
La caresse se poursuit et il retrouve peu à peu pied dans la réalité, mais quand ses paupières se soulèvent enfin, un vague étonnement traverse son regard. Comme si, quelque part au fond de lui, il ne s’attendait pas à le trouver encore là au matin. Il y est pourtant, la pointe de ses doigts tendue avec douceur près de ses lèvres. Il réalise alors avoir été réveillé par leur passage sur son visage et son cœur rate un battement. Il se rend compte de la tendresse du geste et c’est plus fort que lui, il rend son sourire à Avis.
-On n’a jamais vraiment eu de nuits comme ça.
Il a encore du mal à y croire. Posée sur la hanche du brun, sa main se décale un peu pour permettre à ses doigts de se replier et tracer quelques formes distraites sur sa peau. Est-ce qu’il peut l’embrasser ? Kallen n’est pas sûr, mais il devine à la remarque d’Avis que sa tante doit être rentrée. Il ne sait pas pourquoi il aime tant l’idée de se faufiler sans être vu avec lui, peut-être parce qu’il veut prolonger ces instants à la dérobée, et qu’il n’est pas encore prêt à ce que le monde recommence à tourner.
-C’est une bonne idée. Ils ont tous les deux besoin de se nettoyer, et Kallen s’entend avouer en retour. Ça ne m’est jamais arrivé non plus.
Troublé par l’absence de tension lorsque le pouce d’Avis effleure la cicatrice sur son nez, il l’est tout autant de sa proposition. De toutes les possibilités impliquant leur fuite vers la salle de bain, aucune d’entre elles ne se permettait de les mettre ensemble dans la baignoire. Pas dans sa tête en tout cas.
-Viens.
Il se penche et l’embrasse sans se questionner cette fois, un sourire au coin des lèvres. Puis se tire hors du lit pour récupérer son boxer et l’enfiler vite fait. Toute la discrétion du monde ne lui garantit pas d’éviter un face à face avec sa tante, et le cas échéant il préfère éviter d'être surpris à moitié à poil dans le couloir.
-On prendra des peignoirs pour revenir s’habiller ici après.
Kallen lui fait signe de le rejoindre près de la porte avant d’ouvrir et de lui prendre la main pour le guider à travers le salon. Il sait quelle latte de bois craque sous son poids et les contourne en lui indiquant de marcher au même endroit. Le long tapis du corridor est plus pratique et achève leur parcours en douceur. Une fois dans la salle de bain, le châtain ne manque pas de verrouiller derrière eux, et au lieu d’allumer le plafonnier il se contente de tirer le store de la fenêtre pour faire entrer la lumière matinale dans la pièce. Il fait ensuite couler l’eau et s’assure de lui donner la bonne température avant de s'y glisser nu, le dos appuyé contre la paroi.
-Comment ça se fait ? Qu’il demande, toujours à voix basse, puis précise. Que tu n’aies jamais pris de bain avec quelqu’un.
Ce n’est pas le succès qui manque à Avis, et Kallen a envie de savoir. D’en apprendre plus sur lui.
Avis sourit à sa réponse, puis contre sa bouche quand Kallen l’embrasse. Ses lèvres répondent aux siennes et il s’en détache à contre-cœur pour se lever à sa suite. Il enfile un boxer, attrape son tee-shirt qui vient couvrir l’encre noir de sa peau et ils entament leur périple à travers le couloir.
Le sérieux de Kallen dans la tâche menace de lui arracher un rire presque hystérique et il se bouffe la lèvre pour ne pas les trahir. Même si imaginer la tante du châtain les trouver à moitié nus dans le couloir manque sérieusement de l’achever.
Il s’engouffre le plus vite possible dans la salle de bain à sa suite et le laisse fermer derrière eux. Ne pouvant retenir plus longtemps son rire, qui s’échappe assez bas pour ne pas alerter sa tante.
“Je ne pensais pas jouer un jour les ninjas pour éviter de me faire griller à moitié à poil par quelqu’un d’autre.”
Il en crève d’envie et pourtant il évite d’échapper un regard sur sa peau quand Kallen se déshabille. Retirant le peu de vêtements qu’il a sur lui pour se glisser entre ses jambes dès qu’il est installé, laissant son dos épouser son torse comme s’ils avaient fait ça toute leur vie. Ses paupières s’abaissent quelques secondes. Il échappe un soupir et sa main vient s’échouer contre la jambe du châtain. S’y crispant à peine lorsque la question est posée, si bas qu’il pourrait feindre l’avoir loupée.
“Parce que c’est plus simple de s’enfuir avant le matin.”
L’aveu est soufflé et dans sa voix s’égare un soupçon de la culpabilité qui le traverse à cet instant. S’ils s’étaient rencontrés d’une autre façon, si cette première soirée les avait mené à plus comme c’était souvent le cas à Londres, Avis se serait simplement évaporé avec la nuit. Il n’aurait laissé aucune trace. Aucun numéro. Aucune adresse. Simplement l’odeur de son parfum sur les draps, quelques marques de plaisir sur la peau de l’autre, et le souvenir de la nuit passée. Éphémères.
“Je te l’ai dit, Alaska. D’ordinaire, les personnes qui partagent ma vie ne sont que de passage. Certaines bien plus brièvement que d’autres. Et jusque là ça m’allait bien.”
Du bout des doigts, il trace quelques arabesques sur la cuisse de Kallen. Il ne peut pas refaire le passé et à vrai dire il n’en a pas envie. Et s’il devait tout recommencer, il ne changerait absolument rien afin d’être certain que la vie le ramène à cet homme. Même s’il a du mal à comprendre pourquoi sa nuque couverte d’une écharpe a attiré son regard ce soir là. Pourquoi c’est à lui plus qu’à un autre qu’il a sourit. Pourquoi c’est à ces yeux dont il ne voyait même pas la couleur qu’il s’est accroché.
Pourquoi il s’est senti d’un coup comme un putain de naufragé. À suffoquer entre deux vagues qui le balottaient.
Ça ne lui était jamais arrivé. Prendre un coup dans le bide sans avoir un adversaire en face de lui. Se retrouver avec les tripes nouées, le cœur en vrac et la sensation d’être un adolescent qui vit ses premiers émois. Il ne se souvient pas être déjà passé par là, à vrai dire. Il n’a eu que les récits d’Ashley pour lui conter ce qu’il ne vivait pas et maintenant que c’est là, en train d’éclore un peu malgré lui, il aimerait que ça dure toujours.
Mais les rêves finissent toujours par exploser, non ?
La pensée fugace le pousse à attraper une main de Kallen entre la sienne. À entremêler leurs doigts qu’il serre avec force. Il ne sait pas ce que ces dernières heures signifient réellement et il faudra certainement qu’ils en parlent, mais il veut le ressentir encore et encore. Garder ces souvenirs gravés en lui le plus longtemps possible, sa chaleur, sa douceur, le poids de son corps et la caresse de ses lèvres et de sa peau.
“Puis tu es arrivé dans ma vie.” Il reprend finalement. À voix basse comme s’il avait peur de déranger la quiétude du moment. “Ça me fait un peu flipper tout ça, tu sais. Je n’ai jamais eu besoin de grand monde dans ma vie, à part Ashley dont je suis incapable de me débarrasser, la malice étire son visage le temps d’un sourire, et pourtant je ne me suis jamais senti aussi mal que ces cinq derniers jours.”
Et ça n’avait rien à voir avec sa commotion. Des blessures il en a eu d’autres.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Mar 3 Jan - 14:20
Stitches
Il y a encore l’ombre d’un sourire sur ses lèvres lorsqu’il se plonge dans l’eau du bain. Si l’idée d’être surpris par sa tante ne l’amuse pas, la réaction d’Avis a eu raison de son sérieux. Tout ça a l’air de si peu l’inquiéter que le châtain a fini par trouver la situation comique à son tour. Il était loin de s’imaginer en train de se faufiler en boxer dans la maison sur la pointe des pieds avec un garçon. Pas dans un avenir proche en tout cas.
Il faut dire que Kallen ne regarde pas souvent vers l’avant. Il a du mal à se projeter dans le futur, de même qu'à soumettre son corps au regard d’autrui. Peur du jugement, de la pitié, mais aussi de la curiosité pourtant compréhensible des gens. Il se dépêche sans doute trop pour se déshabiller et se caler dans la baignoire le premier, mais ça n’a pas l’air de déranger Avis dont le dos s'appuie contre son torse sans demander de permission.
Ça l’aurait gêné en temps normal, et il n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qu’il y a chez cet homme-là pour qu’il l’accepte si facilement. C’est pire que ça même : il aime ça. La façon dont Avis s’est levé pour venir s’installer entre ses jambes à la soirée, avec un naturel si déconcertant qu’il a trouvé ça séduisant. Comme si ça avait toujours été sa place. Son cœur en bat si vite qu’il se demande si Avis peut le sentir dans son dos.
Puis une main se pose sur sa jambe et son attention dérive. Ses muscles perçoivent la tension dans les doigts du brun, par chance elle ne dure pas et la réponse tombe. Il y a tellement d’implications dans ce qu’il lui dit. Kallen n’est pas sûr de ce qu’il doit comprendre, mais Avis continue de parler et la manière dont il lie ses doigts aux siens ravive la sensation de fébrilité dans sa poitrine.
-J’étais pas sûr que tu resterais. Jusqu’au matin, je veux dire. Je sais que t’as dit que tu partirais pas, mais… T’aurais pu vouloir que ça reste simple.
Ils s’éloignent de la question initiale pour discuter de leur relation et le châtain se demande comment il peut donner voix à tout ce qu’il ressent. Il y réfléchit un instant et pose son menton sur son épaule en regardant leurs mains jointes dans l’eau.
-Si tu veux te débarrasser d’Ashley, je te donne le code de sécurité de la porte arrière de la maison.
Il le lui murmure dans une invitation qu’il espère assez claire, incapable de réprimer le sourire qui lui étire les lèvres.
-Ça me dérange pas d’être ton secret, Ave.
Surtout si ça lui permet de garder ce qu’ils ont et d’essayer toutes ces choses qui leur font envie. La pensée le fait frissonner, comme les formes abstraites dessinées un peu plus tôt sur sa cuisse. Il ne sait pas si ça l’effraie. Ça lui paraît plutôt incroyable de s’être réveillé à ses côtés et d’être en train de prendre un bain avec lui. Sa main libre en profite d’ailleurs pour se lever vers son torse et retracer lentement les reliefs de sa clavicule.
-Je m’intéresse à toi que pour la moto de toute façon.
Il rit contre son cou, pas sérieux pour le moins du monde, puis embrasse la base de sa nuque en le serrant contre lui. Ses yeux se ferment à moitié et il soupire doucement contre sa peau.
“Ça n’aurait pas été plus simple si j’étais parti.”
Ce n’est pas comme s’il pouvait effacer Kallen de sa tête d’un seul coup. Pas quand il avait pris autant de place aussi rapidement. Ce n’est pas non plus comme s’il n’y avait eu qu’une simple attirance physique entre eux. Même s’il n’aime pas vraiment admettre qu’il y a tout de suite eu plus que ça, le concernant. Une curiosité. Un intérêt. De plus en plus grand. Et ce truc au fond de sa poitrine qui ne cesse de s’étendre.
Il se mord la lèvre. Un sourire s’y installe et s’agrandit en entendant sa proposition. Qu’il accepte en lui jetant un coup d’œil taquin.
“Si tu me promets de me retourner encore sur ton matelas. Par contre il faudra me l’écrire, parce qu’avec ma tête j’aurais oublié d’ici deux heures.”
Sa foutue tête qui ira de mieux en mieux heureusement. Il est déjà impatient. Impatient d’aller mieux et de vivre encore à cent à l’heure. De vivre ces choses qu’il a envie d’essayer. Qu’ils ont envie d’essayer. En secret. Avis laisse couler d’abord. Savourant la possibilité que lui offre Kallen que ça reste à eux. Loin des regards, des mots et des jugements. Dans un premier temps, seulement, susurre son esprit. Le temps de voir si ça peut marcher. Si ça peut tenir. Un eux deux.
Ça peut sûrement. D’autant plus quand le châtain le taquine de la sorte.
“Salaud !” D’un air faussement indigné. “Tu devrais faire attention à ce que tu dis si tu veux pouvoir remonter dessus.” Il serre ses doigts entre les siens. “En vrai j’étais sûr dès le premier soir que c’était pour elle que tu m’avais sourit.”
Il rit. L’âme légère. Savourant ce moment rien qu’à eux loin du temps qui peine à reprendre son cours. Il le faudra bien, pourtant. Mais pas tout de suite. Ils ont bien le droit à ça après cinq jours sans se voir, quelques minutes loin du reste du monde. Dans un silence agréable et la chaleur de leurs corps unis.
Il soupire de bien être. Avant de reprendre la parole d’une voix douce.
“Je ne veux pas que tu sois mon secret. Enfin pas toujours.” Il déteste l’idée, en réalité. “Mais j’ai besoin d’un peu de temps.”
Pour mettre les choses au clair, il va ajouter. Pour en parler à son frère. Et sûrement à son père. Pour trouver ce courage qu’il n’a jamais eu de prononcer une phrase si simple et si difficile à la fois. Encore plus quand on est le fils de Tobias Green et qu’on gravite depuis des années dans un milieu qui n’a jamais eu rien de tendre avec les gens comme lui.
Il devra se battre, si ça se sait. Il devra gagner sa place de nouveau. Abattre les préjugés et casser quelques nez au passage, parce qu’il sait pertinemment qu’ils seront plusieurs d’un coup à le prendre de haut. À le défier. À le mépriser. À croire qu’on est plus un homme si on en aime un autre.
Mais par dessus tout, c’est la réaction d’Ashley qui le terrifie. Il ne supporterait pas de lire de la déception dans le regard de ce petit frère pour qui il a tout donné. Il en crèverait qu’il le rejette.
Un nœud coince d’un seul coup sa gorge et la chaleur de l’eau lui paraît d’un coup aussi étouffante que la peur qui le paralyse depuis si longtemps. Depuis le premier mec avec qui il a couché. Ils étaient maladroits, incompatibles au possible, et Avis ne se souvient même pas avoir profité. Il se rappelle juste avoir planté ses deux yeux gris dans ceux de l’autre garçon et lui avoir balancé d’un ton acéré qu’il n’avait pas intérêt à en parler à qui que ce soit. Il ne voulait surtout pas qu’Ashley l’apprenne.
Le nœud se serre encore et Avis remue légèrement. Ses doigts tirent sur ceux de Kallen et il enroule lui-même son bras autour de son torse. Comme s’il pouvait le protéger de ses peurs et des pensées qui l’assaillent.
“Est-ce qu’elle sait ?” Il demande à voix basse. “Ta tante. Est-ce qu’elle sait que tu vois d’autres hommes ?”
Il n’a jamais eu autant l’impression d’être maladroit.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Lun 30 Jan - 5:25
Stitches
Ça n’aurait pas été plus simple si j’étais parti.
La remarque le saisit. Pas simple parce qu’il ne serait pas sorti de sa vie, ou parce que le quitter – et l’oublier – lui paraît difficile ? Les possibilités ne l'ont même pas effleuré, puisque personne n’est jamais resté. Au point où c’est lui qui a mis les voiles de chez lui à l'époque, vers cet océan où il s’est laissé porté par les vagues et l’air froid du nord, loin de toute forme de civilisation, avant de se jeter dans la métropole où Avis l’a trouvé. Que ça ne soit pas simple lui convient, si le brun revient passer des nuits avec lui.
-Si tu oublies le code il te faudra entrer par la fenêtre. Il le taquine en retour. Et je te promets tout ce que tu veux sur le matelas.
Kallen s’attarde dans son regard et son sourire s’élargit lorsque Avis fait semblant de s’offusquer pour la moto. La tension des derniers jours a complètement disparu et le châtain rit de la mise en garde. Il n’a aucune intention de surveiller ses propos et penche sa tête sur le côté.
-Au bar ? Tu ne m’as jamais dit que tu avais une moto. Ça l’amuse, ça se voit dans ses yeux. Le lendemain non plus.
En revanche, il se rappelle très bien de la réaction des filles à la fête au moment où la moto a vrombit dans la rue. Ça lui avait plu, qu’Avis les impressionne. Alors pourquoi il lui a souri le premier soir ? Kallen ne s’en rappelle pas. Le premier sourire dont il se souvient était pendant le karaoké, et il est sûr d’en avoir eu encore quand Avis a grimpé à l’arrière de son pick-up. Puis il réalise soudain.
-C’est pour ça que tu m’as suivi dehors ? La surprise marque ses traits. T’as mis un vent à la blonde… pour moi ?
La gêne lui monte aux joues, agréable malgré son embarras de ne pas l’avoir compris avant aujourd’hui. Son regard se détourne et il se repasse leur rencontre à la lumière de ce qu’il vient d’apprendre. Il n’a donc pas rêvé la manière dont les doigts d’Avis se sont tenus aux siens quand il lui a prêté son lit la première fois qu’il l’a ramené ici. Kallen songe à tous les moments qui lui ont échappé jusqu’ici quand la voix du brun ramène ses yeux sur lui. Avis lui demande du temps et il ne voit aucune raison de le lui refuser.
À dire vrai, une petite frayeur le traverse à l’idée de ne plus être son secret, et il le sent se tendre. Son bras se laisse guider par sa main et il comprend que ce n’est pas habituel pour lui non plus. Kallen le serre contre lui, la tête appuyée contre la sienne dans le silence intime de la salle de bain. Une longue minute s’écoule avant qu’il ne reprenne la parole, et Kallen ne sait pas pourquoi il se met à en raconter autant sur lui. Probablement parce qu’après la nuit qu’ils viennent de passer, se mettre à nu n’implique pas seulement des vêtements.
-Non. Personne n'est au courant à part Jude. Il commence. Je ne viens pas d’un endroit très ouvert sur la question. Ses bras le serrent un peu plus tandis qu'il baisse d'un ton. Je n’ai jamais vu qui que ce soit... J'ai bien failli à deux ou trois reprises, mais c’est jamais arrivé. Tu es le premier.
Le dire à voix haute le rend nerveux, il ne sait pas à quoi s’attendre, alors il continue.
-Est-ce que c’est à cause de ça que tu veux du temps ? Parce que personne ne sait non plus ? Il repense à la blonde pendue à son cou au bar. Du coup les femmes, c’est réel ou pas ?
Pendant ses années de lycée, l’amie d’une amie de sa cousine s’intéressait aux filles, et elle lui a proposé de sortir avec elle pour sauver les apparences, mais Kallen a préféré rester seul plutôt que de feindre une relation pour des gens dont l’opinion ne l’intéressait pas, même si elle l'a pesé certains jours. Il comprendrait qu'Avis ait voulu s'éviter le jugement des autres.
Avis aura rougit une première fois quand Kallen lui promet tout ce qu’il veut sur le matelas. Puis une seconde quand il réalise que le châtain a raison : ils n’étaient pas venu en moto, Ashley et lui, la première fois. Il n’avait aucun moyen de savoir qu’il en avait une. Et puis une troisième fois. À la mention de la blonde qu’il avait congédié sans aucun remords. Elle n’avait jamais été à la hauteur.
“Elle ne m’intéressait pas.”
Et même s’il ne se l’explique toujours pas, ce n’était pas le cas de Kallen qui avait tout de suite attiré son attention. L’écharpe était nouée autour de sa gorge et il aurait souhaité la lui retirer lui-même.
Son cœur s’affole un peu. Puis les pensées s’enchaînent et le ramènent avec violence à ses angoisses et ses peurs. La façon dont Kallen le serre, avec tellement de force, lui permet de trouver le courage de poser cette question. Est-ce qu’il est comme lui ? À cacher aux autres cette partie de sa vie ? La réponse ne tarde pas à venir et Avis l’écoute avec attention. Personne. À part Jude. Quelque part, il se sent soulagé de savoir qu’il avait une oreille avec qui discuter de ça.
Il en aurait eu bien besoin, parfois.
À sa révélation, Avis est surpris. Kallen n’a pas l’air d’enchaîner les coups d’un soir comme lui a pu le faire, il n’a en tout cas jamais fait allusion à ce genre de vie, alors l’anglais aurait pensé qu’il y aurait déjà eu quelqu’un pour partager sa vie. Il n’avait pas dû être le seul à ne pas réussir à détourner le regard en le rencontrant. Est-ce qu’aucun n’avait réellement trouvé grâce aux yeux du châtain ?
“Personne n’est au courant. Mon père, mon frère, ils pensent que j’aime les femmes. Je le leur ai laissé croire, du moins. J’ai même joué le jeu plusieurs fois, ça me permettait d’être tranquille.”
Se laisser draguer, c’est facile. Faire semblant de répondre aux avances mais ne jamais aller plus loin que ça. Quelques sourires. Une mèche de cheveux qu’on glisse derrière l’oreille. Quelques pas de danse avant de s’évaporer. Il donnait l’illusion et ça lui allait.
“Alors non, c’est pas réel. Loin de là.”
Peut-être que dans une autre vie, Avis aurait pu tomber amoureux d’une Aaliyah. Il aurait aimé ses blagues, son franc parlé. Il aurait adoré son énergie et son grain de folie. Et il aurait certainement sombré lentement pour son rire et sa joie de vivre. Mais dans cette vie, il avait oublié de respirer au premier regard vers Kallen. Il avait plongé dans l’éclat de ses yeux. Dans la douceur de ses fossettes quand il sourit. Il avait frissonné sous sa chaleur. Ployé sous la force de ses baisers.
Dans cette vie, il n’y avait plus eu que lui. Presque d’un seul coup.
“Comment c’est possible que je sois le premier ?”
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Mar 31 Jan - 3:40
Stitches
Sous la paume pressée contre son torse, le cœur d’Avis accélère et Kallen sourit. Son regard coule sur son profil et il le trouve beau. C’est la gêne sur son visage, le courage des aveux, même les moins directs. C’est les attentes dépassées alors qu’il lui a envoyé un simple texto pour parler. C’est sa présence encore au matin. Les promesses. Les espoirs. C’est aussi cet air surpris quand il lui dit qu’il est le premier, comme si c’était impossible. Avant de lui dire que personne ne sait pour lui.
-Je pense que tous ceux qui ont joué avec nous à la bouteille s’en doutent. C’est un peu facile, mais ça compte tout de même pour quelque chose, non ? On m’a proposé de faire semblant une fois avec une fille, mais j’avais pas envie. Je comprends, ceci dit.
Il ne comprend pas pourquoi il resserre son étreinte quand il lui avoue n’avoir aucune attirance pour les femmes, jusqu’à ce qu’Avis lui demande pourquoi il n’y a eu personne avant lui. Maintenant il se souvient, et relâche doucement sa prise pour se laisser glisser dans l’eau.
-J’ai grandi dans un petit village, le genre où tout le monde connaît tout le monde. Les gens manquent de distractions dans le coin alors ils s’intéressent à ce que font les autres. Ce qu’ils ont de différent, surtout. Il précise. J’attirais déjà assez l’attention avec mes cicatrices, j’avais pas besoin de ça en plus.
Kallen relève les yeux et son cœur rate un battement en retrouvant cet intérêt pour tout ce qu’il raconte au fond de ceux d’Avis.
-Tu te rappelles que je sais faire des cocktails parce que j’ai été barman pendant quelques mois ? C’était une idée de Jude. Elle y bossait pour se payer l’université et je savais qu’elle me manquerait quand elle partirait alors je me suis laissé convaincre. Le bar était en face de l’hôtel alors il y avait pas mal de gens de passage. Il hausse les épaules. Les deux trois fois, c’était ça. Il hésite puis continue, l’ombre d’un sourire affectueux au coin des lèvres. Jude était plus excitée que moi qu’un mec me regarde, c’en était ridicule.
Elle avait déployé des efforts herculéens pour lui permettre de prendre une pause clope plus longue en gérant le bar à elle toute seule un samedi soir quand il avait été évident qu’un type n’attendait qu’une opportunité pour s’en saisir. Elle avait hurlé de joie ensuite lorsqu’il lui avait raconté qu’ils s’étaient embrassés.
-Mais c’était que ça, embrasser des inconnus. Et quand il y en a eu un qui a voulu plus, je l’ai repoussé. J’ai blâmé Jude d’en être arrivé là et on s’est engueulés.
De ces disputes qui n’ont jamais eu de sens. Il l’accusait injustement de son mal-être et elle argumentait qu’il avait le droit d’avoir du plaisir. Toujours à prendre son parti et à lui botter le cul.
-Après ça je me suis engagé en mer, et il y a encore moins de monde sur un navire de pêche. J’ai fait ça quelques années, puis je suis arrivé à Chicago. Encore une idée de Jude, mais une bonne cette fois, je pense.
Il esquisse un sourire en le regardant, approche son visage et, voyant qu’il ne recule pas, lui vole un baiser.
-On sort de la baignoire ? Je ne sais pas toi, mais je meurs de faim.
Il se savonne vite fait et sort le premier pour aller récupérer les peignoirs. Il en enfile un et tend le second à Avis, puis entrebâille la porte afin de vérifier que la voie est libre pour repartir en ninjas en sens inverse.
Il a toujours vécu dans une grande ville et pourtant ce n’est pas difficile à imaginer. Ça lui rappelle un peu l’internat, où les rumeurs se propagaient déjà comme des feux de forêt. Où être différent provoquait des réactions parfois violentes, souvent blessantes. Les injures, les moqueries, Avis n’y avait jamais pris part. Il ne les avait pas subies non plus - ils craignaient trop reçevoir un coup de poing dans le nez - mais il avait vu certains élèves à l’œuvre et les proportions que ça pouvait prendre.
Alors oui, il comprend.
Kallen poursuit son récit. Le bar. Les quelques hommes qui ont posé le regard sur lui. Oh, comment est-ce possible qu’ils aient été si peu nombreux à tomber sous son charme ? Les baisers. Qui ne sont jamais allés plus loin. L’information lui arrive et il ne sait pas quoi en faire. La confusion lui agite les tripes, le cœur, l’esprit. Kallen arrive sur le bateau et l’Anglais se sent secoué comme s’il y était lui aussi. Puis Chicago. Bêtement, il attend la suite mais elle n’arrive pas. Son visage s’approche du sien et il reste sans bouger, perdu dans cette histoire qu’il vient de lui confier.
Il n’a pas le temps de répondre à son baiser que Kallen l’a déjà rompu. Amorçant la fin de l’instant. Avis suit le mouvement comme il peut, acquiescant simplement d’un mouvement de tête confus. Il se lave également. Attrape le peignoir que le châtain lui tend et n’a même pas fini de l’enfiler qu’il le voit déjà entrebâiller la porte.
Son sang se glace dans ses veines et un frisson parcourt son échine. Il n’a pas envie que ça s’arrête. Il sait que c’est irrémédiable mais il a besoin de quelques secondes de plus. Avant qu’ils ne soient forcés de reprendre des distances. De faire comme si le monde tournait encore normalement.
“Attend.”
L’urgence fait trembler ses mots. Il s’avance et Kallen se retourne vers lui.
La porte claque sous sa paume et il se fout du bruit que ça fait. Comme il se fout de tout le reste et surtout du vertige qui le saisit alors qu’il se hisse jusqu’aux lèvres de Kallen pour y écraser les siennes. Il y étouffe un gémissement et ses mains se serrent avec force sur ses hanches, et Avis savoure leurs peaux nues qui se rencontrent enfin. La façon dont ses cuisses se glissent contre les siennes. Dont leurs bassins se rencontrent. Il s’arrache à sa bouche et c’est un supplice. Presque autant que de ne pas l’embrasser à nouveau.
“Cette putain de commotion va me rendre dingue.”
Il dépose un baiser au creux de son épaule avant de s’éloigner de lui. Ses dents mordent sa lèvre alors qu’il referme son peignoir et ses yeux semblent crier au martyre quand ils se lovent dans les siens.
Il n’a jamais ressenti ça. Cette brûlure au creux du ventre qui ne fait que grandir. Et qui l’empêche de respirer à chaque fois qu’il pose les yeux sur lui.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Ven 17 Fév - 21:55
Stitches
Il n’attend rien de particulier à la fin de son récit et est plus que satisfait de sortir de la baignoire pour s’habiller et manger un morceau, pourtant quelque chose semble déranger Avis. Kallen se dit qu’il le dira s’il en ressent le besoin, mais le brun reste muet. Sa commotion, peut-être. Après tout, il a mentionné avoir du mal à se concentrer et il vient de lui donner beaucoup d’informations en peu de temps. Alors il s’en tient à sa proposition et s’apprête à jeter un coup d'œil dans le couloir lorsque la voix d’Avis essaie de l’en empêcher. La porte claque sous son nez et sa main lâche la poignée dans un sursaut.
Il se retourne pour lui demander ce qu’il y a, craignant qu’il ait vu ou entendu quelque chose qui lui ait échappé, mais la question ne franchit jamais ses lèvres puisque le brun y plaque les siennes. Kallen se retrouve adossé à la porte close, sa main relâchant le pan du peignoir qui s’écarte à l’instant où le corps d’Avis se presse contre lui. Il se sent fondre sous la douceur de la peau encore si chaude du bain qu’ils viennent de prendre.
Son cœur s’emballe et un soupir s’échappe du baiser qu’il est déjà occupé à lui rendre. Il en oublie le bruit qu’a causé la porte en claquant et ses hanches cherchent à accentuer le contact au moment où Avis se glisse vers son épaule et se rétracte. Le châtain ouvre les yeux d’un air confus, secoué d’un frisson au froid soudain de l’absence d’Avis.
-T’as eu un vertige ?
Ses doigts tirent sur son propre peignoir pour le couvrir, puis serrent le tissu avec force. Le regard gris le transperce et au lieu de ralentir, son pouls accélère encore plus. Il lui faut quelques secondes pour se rendre compte qu’il retient sa respiration, et expire fébrilement l’air de ses poumons.
-Ok, on peut pas rester ici.
Un problème à la fois. La chaise en bois dans le coin de la salle de bain étant plutôt décorative et Kallen préférant éviter de retrouver Avis une seconde fois évanoui dans sa baignoire, il entrouvre à nouveau la porte et lui fait signe de se dépêcher. Le plancher craque un peu plus sous leurs pas rapides, mais ils atteignent la chambre sans encombre. Refermant derrière eux, Kallen évite de reposer ses yeux sur Avis et ramasse plutôt ses fringues au sol pour les lui ramener, mais lorsqu’il revient vers lui le brun n’a toujours pas bougé et l'atmosphère se recharge aussitôt d’électricité.
-Faut que t’arrêtes de me regarder comme ça.
Son manque de conviction résonne douloureusement dans sa voix, mais il n’arrive pas à s’en sentir désolé. Sa gorge est sèche et il a du mal à avaler, encore plus lorsque les yeux gris suivent le mouvement en tombant sur sa gorge. Le souffle lui manque et ils ne se touchent même pas. Une part de lui trouve ça incroyablement excitant, mais une autre se meurt de retrouver sa peau soyeuse.
-Prends tes vêtements ou pousse-moi sur le lit, Green.
Le ton est impatient, presque à bout. Il veut bien essayer d’être raisonnable, mais pour ça il a besoin qu’Avis porte quelque chose de plus difficile à enlever qu’un peignoir à peine refermé. Peut-être que c’est une douche froide qu’ils auraient dû prendre, finalement.
“Je vais bien, ne t’en fais pas.” Il répond à l’inquiétude de Kallen.
Si ce n’est la tension qui serre son ventre, son cœur battant à un rythme inimaginable et le souffle chaotique qui lui échappe. Le retour jusqu’à la chambre n’aide pas, ou plutôt la porte qui se referme et qui les laisse de nouveau enfermés tous les deux presque de la même façon qu’ils l’ont été la veille. Mais le châtain ne le regarde pas et la frustration prend d’un seul coup toute la place.
Il veut qu’il le regarde et en même temps il sait qu’il a raison. Qu’il n’est pas sûr de pouvoir se retenir.
Kallen ramasse les fringues au sol et sa gorge s’assèche. Ses anthracites caressent avec douceur le galbe de ses cuisses qui se dévoilent sous le peignoir trop court. Quand il revient vers lui, l’Anglais n’a pas bougé et son regard s’écrase au fond du sien, bien trop ardent.
-Faut que t’arrêtes de me regarder comme ça. “Désolé.”
L’excuse est un réflexe mais il ne la pense pas et les tremblements dans sa voix trahissent les sentiments qui s’agitent en lui. De même que ses lèvres sur laquelle il passe la pointe de sa langue alors que son regard suit le mouvement de la gorge quand le châtain semble avoir autant de mal que lui à conserver son calme. Il manque lui faire perdre la tête avec sa proposition. Avis s’avance lentement et il ne sait pas comment il ne le jette pas sur le matelas. Au lieu de ça, ses doigts se glissent entre les siens.
“Je ne peux pas.” Sa voix est rauque du désir qui lui ronge le ventre pourtant et il ignore comment il garde le contrôle. “Je ne veux pas.” Sa paume se presse contre la sienne. “Je veux te ressentir pleinement. Sans que des vertiges ne viennent tout gâcher.” Son pouce caresse le sien.
Ses lèvres se déposent contre les siennes et c’est doux. C’est tendre. C’est un supplice quand il doit s’écarter de nouveau. Il s’échappe d’un pas en arrière puis d’un second en serrant ses vêtements contre lui comme un rempart. Bien faible rempart. Il ne le lâche pas des yeux alors qu’il les pose au bout du lit. Toujours pas alors que son peignoir glisse le long de ses bras et s’échoue sans un bruit sur le sol. Encore moins alors qu’il passe un à un ses vêtements. Il est sûr qu’il va craquer avant d’être entièrement couvert. Pourtant il referme le bouton du jean et sa raison n’a toujours pas volé en éclats. Il ignore sincèrement comment.
Son souffle est court. Le désir le dévore encore. Il noie son regard qu’il garde posé sur lui quelques secondes encore.
“Tu me rends vraiment, vraiment fou.”
Il se mord une nouvelle fois la lèvre. Passe une main dans ses boucles brunes. Puis franchit les mètres qui les séparent. Leurs doigts s’enlaçant alors qu’il doit encore se hisser sur la pointe des pieds pour pouvoir poser son front contre le sien. Il adore que Kallen soit plus grand que lui. Devoir se dresser sur la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres mais se glisser si aisément contre sa gorge ou le creux de son épaule. Il ferme les yeux alors qu’un sourire légèrement taquin illumine ses traits.
“Je te propose qu’on évite les endroits trop intimes jusqu’à ce que je sois guéri, tu en dis quoi ?”
Et après ça... Un frisson court sur son échine. Son cœur s’emballe. Après ça ils pourront essayer tout ce que Kallen désire. Un soupir s’échappe lorsque la sonnerie de son téléphone retentit. Il se défait de sa chaleur à contre-cœur pour attraper l’appareil un peu plus loin et comme un vertige le gagne à cause du mouvement sans doute trop rapide, il s’assied sur le lit.
“It’s 9 am, Ash.”
Son humeur a le mérite de faire rire son frère qui semble soulagé d’entendre sa voix. Pour une fois il se fait plutôt bref et Avis raccroche rapidement.
“Il passe me chercher d’ici quelques minutes. On est attendu chez mon père, j’avais oublié.”
S’il avait décidé de ne pas être raisonnable, dieu sait comment Ashley aurait pu les trouver.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Lun 20 Fév - 22:20
Stitches
Il n’a pas le cran de prendre la décision. Pas après la manière dont Avis s’est jeté contre lui dans la salle de bain, il aurait trop voulu qu’il continue. Que ce soit à son tour d’être adossé à la porte. Sa propre envie le trouble tant elle est forte. Tant il aimerait être poussé sur le lit pour retrouver la douceur de son corps. L’adrénaline refuse de quitter ses veines et tambourine de plus belle lorsque les excuses du brun sonnent creuses. Il n’est pas du tout désolé, et le regard qu’il pose sur sa gorge en passant sa langue sur ses lèvres lui coupe le souffle.
Kallen a l’impression que chaque particule d’air se fige entre eux. La chambre devient tellement silencieuse, on dirait le calme avant la tempête. Avis s’avance et ils restent tous les deux debouts. Ses doigts se glissent dans sa main et il les laisse y prendre leur place, incapable de résister à l’impulsion de les serrer quand il ouvre la bouche. Il aurait été tellement plus sensé de prendre les vêtements pour s’écarter. Tellement plus raisonnable. Simple. Efficace. Avis lui répète qu’il ne peut pas et le châtain s’attend à ce qu’il mentionne une nouvelle fois sa commotion, mais il ne le fait pas. Il lui précise qu’il ne veut pas non plus, et comme s’il savait que son cœur allait se serrer à son aveu, il joint leurs mains sans lui en laisser le temps.
Ce qu’il lui dit ensuite, Kallen n’y est pas préparé. Il n’est même pas sûr de ce qu’il veut dire par ressentir, mais la formulation à elle seule suffit à chauffer ses joues. Il n’a pas les mots. Un violent frisson le secoue à la caresse de son pouce, puis ses genoux manquent de faiblir sous ses lèvres. Personne ne l’a jamais embrassé comme ça, et avant qu’il n’y pense il y répond avec la même tendresse. Ça l’étourdit, son cœur ne sait plus où donner de la tête. Chaque fois qu’il s’attend à quelque chose, Avis l’étonne. Il n’a aucune idée de ce qui se trame dans sa tête, en revanche il sait qu’il veut en faire partie.
Lorsque le baiser prend fin, il en gémit de protestation et ses mains se retrouvent vides. Avis recule lentement avec ses vêtements et il ouvre les yeux pour le voir s’arrêter au bout du lit. Le peignoir lui tombe du dos et une bouffée de chaleur l’envahit. À aucun moment le regard gris ne se détourne, comme s’il tenait à se changer devant lui. À être vu et regardé. Le froissement du boxer le long de ses jambes trouve écho dans sa respiration basse, suivi du jean dont l’attache se referme sous un torse bariolé de tatouages. Il les a aperçus une première fois à travers l’eau de sa baignoire, et ils resteront encore un mystère en se dérobant au regard qu’il ne leur accorde de toute façon pas. Le sweat noir succède au t-shirt, et au grand jamais Kallen n’aurait un jour pensé être excité de voir un homme se vêtir sous ses yeux. Le désir naît de l’activité inverse en général.
Il continue de soutenir son regard, certain que s’il bouge il va craquer, mais c’est plutôt un sourire qui fissure son visage en deux au commentaire d’Avis. La main qu’il passe dans ses cheveux arrache un lourd battement à sa poitrine et c’est sans se questionner qu’il baisse la tête à son approche. Leurs fronts se touchent et il passe les bras autour de sa taille pour le serrer contre lui.
-Essaie aussi d’éviter les ennuis, hm ?
Il se penche et embrasse son sourire juste avant que la sonnerie du portable d’Avis les oblige à rompre l'étreinte pour lui permettre de décrocher. Kallen en profite pour enfiler ses vêtements en reconnaissant le surnom d’Ashley sur les lèvres du brun posé sur son lit, et il le trouve beau à parler à son frère avec une mauvaise humeur qu’il n’avait pas jusqu’ici, sur les draps où ils ont dormi. L’appel est moins long que la veille, mais la raison du coup de fil fripe un peu ses traits.
-Oh. Ok.
Kallen essaie de ne pas montrer sa déception de le voir partir si tôt, mais avec sa tante de rentrée, c’est peut-être mieux d’en rester ainsi.
-Je te raccompagne.
Ils ressortent de la chambre et traversent le salon et la cuisine jusqu’à l’entrée. Le châtain lance une oeillade vers l’escalier pendant qu’Avis met ses chaussures et il semblerait que sa tante dorme toujours.
-Je vais rester à l’intérieur, comme ça tu peux continuer de faire tourner Ash en bourrique.
Une lueur d’amusement éclaire son regard.
-Bye, Ave.
Tournant le dos à l’escalier au cas où, il tend le revers d’une main et effleure ses jointures, un sourire au coin des lèvres.
La réponse de Kallen ne parvient pas à gâcher son sourire.
S’il avait plus de temps pour s’y attarder, si les lèvres ne déposaient pas sur les siennes un baiser, sûrement aurait il envie de lui dire que sa vie entière est composée d’ennuis. Que la violence et la douleur - la sienne ou celle des autres - font partie de son quotidien. Mais il ne voit que ce visage qui se penche sur le sien. Il ne sent que la douceur de cette bouche sur son sourire. Juste avant que la sonnerie n’interrompe cet instant qui lui tord les tripes d’un bonheur qu’il n’a pas l’habitude de ressentir.
L’appel est bref. Mais sa raison suffit à assombrir le visage de Kallen et Avis déteste ça.
Il voudrait pouvoir annuler. Leur dire qu’il n’a pas que ça à faire, être un peu égoïste. Mais il sait que ça l’a ébranlé, Tobias, de voir son gamin à l’hôpital avec quelque chose de bien plus grave que quelques côtes cassées. Alors même s’ils se sont beaucoup détruit avec leurs engueulades, leurs différends et leurs sales caractères, il peut bien leur donner une chance de peut-être reconstruire. Il leur faudra du temps et il y aura d’autres cris. D’autres mots balancés pour faire mal. Mais peut-être un peu moins. Peut-être plus aussi souvent.
“Je suis désolé. Ça m’était complètement sorti de la tête.”
Ils ressortent de la chambre. Avis récupère ses converses, abandonnées depuis la veille devant le canapé, et va les enfiler dans l’entrée. Il met plusieurs secondes à les lacer parce que ses doigts semblent incapable de se coordonner et ça devrait l’agacer. Pourtant son esprit est léger. Encore blotti dans les heures qu’ils viennent de passer ensemble. Elles ont un côté irréel et pourtant les mots que Kallen prononce le sont. Réels.
Avis rit légèrement. Tout bas. Comme un secret.
Il relève la tête vers lui et il aime la lueur dans les yeux de cet homme. L’amusement qui s’y dessine. Il aime la façon dont il prononce ce surnom. Celle dont ses doigts viennent effleurer les siens. Il ne leur laisse pas le temps de s’échapper. Referme sa main dessus avec douceur, laisse son pouce les caresser. Il remonte lentement jusqu’à son poignet et le caresse. Juste brièvement. Pour le ressentir encore un peu. La douceur de sa peau, sa chaleur.
Il se mord encore la lèvre parce qu’il a envie de l’embrasser. Alors plutôt que de le faire il se recule. Son regard tombe sur l’écharpe qu’il a porté plusieurs semaines et ses doigts se tendent pour l’attraper. Il la passe autour de son cou. Un peu de provocation dans le regard alors qu’il s’éloigne vers la porte. Puis grogne.
“Bon sang.”
Il fonce presque sur lui. Attrapant son visage pour l’embrasser avec force et ça lui tourne la tête, il croit qu’il va tomber mais il reste sur ses deux pieds. Il sort avec la même rapidité. Sans leur laisser le temps de réfléchir parce que son cœur bat trop vite et qu’il ne sait pas comment gérer l’envie de rester plus longtemps à ses côtés.
Ashley arrive quelques secondes après. La moto a au moins l'avantage de l'obliger à retenir les questions qui lui brûlent les lèvres.
Kallen Galloway
Messages : 133 Date d'inscription : 23/01/2022 Age : 26
Mer 22 Fév - 16:45
Stitches
Il lui dit de ne pas s’en faire, qu’il comprend. Surtout avec sa commotion. Il voulait simplement discuter et… ils ont fait bien plus que ça. Lui-même en a oublié les chaussures abandonnées au pied du canapé la veille, qui sans le vertige d’Avis auraient été retirées dans l’entrée en une preuve accablante qu’il n’a pas passé la nuit seul. Est-ce que sa tante lui aurait posé des questions ? Difficile à dire. Ce n’est pas comme s’il y avait déjà eu un précédent. Il aurait bien sûr pu faire passer les converses pour celles d’une fille, mais l’idée le révulse encore plus que celle de feindre d’en fréquenter une pendant ses années de lycée.
Il le regarde se pencher sur ses lacets avec le cœur serré. C’est malgré lui, il n’a pas envie qu’il parte, mais ce départ-là n’a rien à voir avec celui d’il y a cinq jours – six maintenant – et c’est ce qui le rassure. Avis rit et c’est lui qui a l’impression d’avoir un vertige quand il lève les yeux vers lui. Lui aussi qui oublie de respirer lorsque son pouce le caresse et remonte son poignet où son pouls bat encore beaucoup trop vite. Il ne le lâche pas du regard et un frisson lui secoue les épaules au retrait de sa main. Kallen se dit qu’éviter les endroits trop intimes pour un certain temps serait effectivement plus sage et suit le regard d’Avis pour cesser de fixer la lèvre qu’il coince entre ses dents.
L’air recommence à entrer dans ses poumons quand il recule et le châtain sourit de voir l’écharpe glisser autour de son cou. De la malice dans ses yeux alors qu’il s’en empare sans scrupule. Il ne fait pas un geste pour l’en empêcher, il aime bien trop ce qu’il voit, puis ce qu’il sent. Les mains sur son visage, ce pas impulsif vers lui et ces lèvres qui se plaquent sur les siennes. Son cœur saute comme une balle dans sa poitrine et Avis se sauve tout aussi vite, le laissant pantelant dans le vestibule. Sa main cherche la rampe de l’escalier pour s’y appuyer et il y reste quelques secondes avant qu’un sourire idiot marque son visage.
Il retourne dans sa chambre en récupérant le dernier muffin de leur soirée ensemble et croque à pleines dents dedans. Se laisse tomber sur son lit et attrape son téléphone. À Avis il envoie un simple mot : Voleur. Puis à Jude qui lui demande quoi de neuf, il répond : J’ai trouvé les meilleurs muffins aux myrtilles en ville, et toi ? Joint d’une photo du muffin dans lequel il a pris une bouchée.